C'est pour le moment la sensation du mercato télé estival. Star de Nulle part ailleurs de 1987 à 1995, Antoine de Caunes revient à ses premières amours en remplaçant Michel Denisot à la tête d'un Grand Journal en perte de vitesse et sous le feu des critiques. À l'aube de son grand retour en tant qu'animateur sur Canal+, le nouveau présentateur de la chaîne se confie à Paris Match et dévoile son projet et ses ambitions pour l'émission, démentant au passage quelques rumeurs...
Alors que tout semblait prêt pour que Maïtena Biraben reprenne les rênes du Grand Journal, c'est à la surprise générale que Canal+ a décidé de nommer Antoine de Caunes, auteur de documentaires pour la chaîne et maître de cérémonie pour les César. Quelques jours plus tôt, celui qui est également acteur et réalisateur avait fermement démenti vouloir succéder à Michel Denisot. "Car j'avais deux projets cinéma, explique-t-il. Un en tant qu'acteur, dirigé par Roschdy Zem, avec début du tournage le 15 septembre, et un autre en tant que coscénariste, une comédie barrée avec José Garcia. Lorsque mon nom est sorti, il y a deux semaines, pour reprendre Le Grand Journal, ça m'a agacé. (...) Mais ce film dont je devais avoir le premier rôle a été reporté sine die. Et non, Canal n'a pas annulé le financement ! Tout s'est joué en l'espace de quelques heures. Et j'ai plongé", assure-t-il avec franchise.
C'est ainsi que "déprimé" par le report de son projet de film, Antoine de Caunes va finalement accueillir la proposition avec joie : "Je suis passé de la dépression à l'euphorie totale, car le jouet est formidable." Attendu au tournant, en tant que porte-étendard du fameux "esprit Canal", le nouvel animateur ne compte pas refaire du neuf avec du vieux. "Je reviens avec l'envie de nouveauté, de ne pas dupliquer. Je serai 'l'anchorman', l'ancrage, explique-t-il, promettant de ne plus vouloir incarner à nouveau les personnages qui l'ont rendus célèbres à Nulle part ailleurs. Ah non ! (...) Ce serait pathétique, (...) il ne s'agit pas de reconstituer une ligue dissoute."
Mais Antoine de Caunes compte bien s'appuyer sur l'héritage laissé par Michel Denisot tout en y apportant une touche bien à lui et ses envies. "Michel est par nature pince-sans-rire et flegmatique. (...) J'ai envie de remonter le thermostat, de pousser le curseur de l'humeur et de l'humour", révèle-t-il, n'oubliant pas au passage de saluer la génération "franchement bien" mise à l'honneur au Grand Journal, de Louise Bourgoin à Yann Barthès en passant par Bref. ou Omar et Fred.
Même s'il est encore trop tôt, Antoine de Caunes a déjà "des idées" sur son futur Grand Journal, qui sera encore baptisé ainsi l'année prochaine : "Le tempo va évoluer, l'humeur aussi. On garde le même nom, a priori. Les Guignols et le zapping aussi. Ce sont les deux piliers. Je veux de la fantaisie, et si ça dérape, ça dérape. On sera en direct, sauf contrainte exceptionnelle, de 19h10 à 20h25. Je suis un farouche partisan du direct, qui offre une grande liberté."
Lucide, Antoine de Caunes sait qu'il vient aussi pour rectifier le tir après les nombreuses critiques faites au Grand Journal, et notamment celles pointées du doigt en interne par l'ex-miss météo Solweig Lizlow ou Ollivier Pourriol dans le livre On/Off. "Il a su décrire certains excès, le manque de communication d'une machine à communiquer", analyse-t-il. Le remplaçant de Michel Denisot en profite au passage pour répondre à celle de Cyril Hanouna, qui avait critiqué son arrivée au Grand Journal, parlant d'"une très mauvaise idée". "Avec la meilleure volonté du monde, je ne ferai pas du Hanouna et lui, avec la meilleure volonté du monde, ne fera pas du de Caunes. Je ne veux pas rentrer dans des polémiques", esquive-t-il tout de même.
En attendant, Antoine de Caunes prouve déjà qu'il n'a jamais perdu sa liberté de parole en signant pour "un an renouvelable" en tant qu'animateur de Canal+, reconnaissant par exemple que la chaîne peut se montrer "parfois" arrogante. "Ils ont très mal communiqué sur Le Débarquement, par exemple. Il y avait une ambition, des acteurs et pas les plus mauvais. Mais à force de proclamer 'vous allez voir ce que c'est que l'humour, les gars', ça énerve." Une liberté de ton qui, n'en déplaise à certains, promet pour la rentrée...