L'affaire fait grand bruit, et Solweig Rediger-Lizlow, ancienne Miss Météo du Grand Journal de Canal+, a décidé de sortir à son tour de l'ombre.
Lundi 15 avril, Ollivier Pourriol, ancien chroniqueur littéraire de l'émission, a sorti un livre choc, ON/OFF, dans lequel il raconte "l'enfer" qu'il a vécu dans l'émission de Michel Denisot.
Alors que Renaud Le Van Kim, producteur du programme, a pris la parole sur le site du Point pour dire sa vérité, le chroniqueur a bénéficié du soutien de l'une de ses anciennes camarades, la superbe Miss Météo, mannequin de renom, et créatrice Solweig Rediger-Lizlow. Ses mots ne sont pas moins virulents à l'égard de son ancien employeur, au contraire : elle n'avait pas hésité à qualifier de "calvaire" son expérience au Grand Journal, et Purepeople.com a voulu savoir quelles souffrances, déceptions et rancoeurs recelait exactement ce mot. Solweig Rediger-Lizlow nous a répondu, en exclusivité. Interview sans langue de bois !
Purepeople : Vous venez de comparer votre expérience dans le Grand Journal à un "calvaire". Pouvez-vous nous raconter ce calvaire ?
Solweig Rediger-Lizlow : C'est très simple, il a commencé dès le premier jour, avec ces quelques mots de bienvenue de la part de deux des chefs du Grand Journal : "Tu sais Solweig, tu es le choix de Canal+, mais tu n'es absolument pas le nôtre." Je vous laisse imaginer la magnifique année que j'ai passée, entre censure permanente et humiliation. Tout ça pour mieux pouvoir dire en fin d'année : "Nous avions raison, Solweig n'était pas un bon choix."
Purepeople : Vous dites que le livre d'Ollivier Pourriol est "gentil", pensez-vous qu'il n'a pas tout révélé ?
Solweig Rediger-Lizlow : Le livre d'Ollivier Pourriol n'est pas gentil, c'est sa façon de faire que je trouve encore gentille, voire élégante avec les personnes qu'il décrit dans ON/OFF. Je pense qu'il a très bien retranscrit l'ambiance frigorifique qui règne dans les bureaux, le cynisme de certains, la bêtise de l'un, l'arrogance de l'autre... Et toujours avec humour et intelligence.
Il y avait déjà bien à faire en parlant des bureaux, du plateau, du direct et des backstages. Si l'on rentre dans la vie des uns ou les moeurs des autres, je ne suis même pas sûre que le public y croirait.
Purepeople : Est-ce que les gens du Grand Journal vous prenaient vraiment pour une "serpillière", comme vous l'avez écrit dans votre soutien à Olliver Pourriol ? N'aviez-vous pas d'alliés ?
Solweig Rediger-Lizlow : Croyez-le ou non, mais faire briller un chroniqueur ou un animateur, cela passe parfois par l'humiliation d'un autre. Dans ce cas-là, celui qui brille te regarde en se marrant, les bras croisés. Bien sûre que j'avais des alliés, et j'en ai toujours, je les garde précieusement. De toute façon je savais avant de commencer à qui il ne fallait rien dire, comme celui que l'on appelle "l'oeil de Moscou", dont le rôle est de rapporter chaque jour au producteur "qui" dit "quoi" sur "qui".
Purepeople : Qu'entendez-vous par "obéir au doigt et à l'oeil" ? Et à qui deviez-vous obéir ?
Solweig Rediger-Lizlow : C'est très simple, comme je l'ai déjà dit à de nombreuses reprises, à part au Festival de Cannes où j'ai pu à peu près montrer mon univers, comme par exemple avec l'exorciste, la seule fois de l'année où j'ai été autorisée à dire "bite, couilles et nichons", je n'ai jamais eu mon mot à dire sur les sketches écrits. Au passage, je précise que ceux qui me connaissent savent que je dis "bite, couilles et nichons" au minimum 3 fois par jours... Enfin bref, de toute façon je ne me prenais même plus la tête à proposer quoi que ce soit puisque toute vanne était automatiquement refusée ou ré-écrite par mon rédacteur, ou l'auteur qui dépendait de lui.
Et quand j'avais le malheur de leur dire que tout cela était nullissime et absolument pas drôle, j'avais le droit à cette éternelle phrase : "Nous sommes Le Grand Journal, leader d'opinion, et nous savons ce qui est drôle ou pas", suivi de "de toute façon tu fais ce qu'on te dit, point". Et même si j'arrivais au final à placer une de mes idées, ils me la sucraient en plein direct via l'oreillette. Ils m'ordonnaient de ne pas faire la vanne, qui bien évidemment était le plus souvent la chute, et ce n'avait au final plus aucun sens. Au bout d'un moment tu laisses tomber, tu crées le personnage qu'ils attendent de toi. Une pouffe décérébrée à la voix nasillarde dont la mission est de séduire les "7-13 ans" et les "cadres sup'" selon leurs termes. Ensuite, tu attends bien sagement la fin de l'année que ton contrat arrive à terme.
Purepeople : Avez-vous des anecdotes à nous raconter sur votre aventure au Grand Journal ?
Solweig Rediger-Lizlow : Mouais... il y en a tellement. Ah si, en voici une petite parmi tant d'autres. C'est celle où j'ai eu l'interdiction formelle de dire quoi que ce soit sur Dominique Strauss-Kahn dans une météo, après avoir désespérément cherché dans les archives du Grand Journal la vidéo d'une Boîte à questions : "Est-ce que sucer c'est tromper ?", ce à quoi DSK répond : "ça dépend qui suce qui." Cette archive avait mystérieusement disparu.
Purepeople : Est-ce que d'autres membres de l'équipe partageaient votre point de vue ?
Solweig Rediger-Lizlow : Ils sont légion, mais je ne vous donnerai bien évidemment pas leurs noms.
Purepeople : Quel rôle joue Michel Denisot dans tout ça ?
Solweig Rediger-Lizlow : ON : Il arrondit les angles sans se mouiller. OFF : Il tire plus vite que son ombre.
Purepeople : Ariane Massenet vous avait lancé une pique lors de son passage dans Touche Pas à Mon Poste. Etiez-vous en froid ?
Solweig Rediger-Lizlow : Je ne comprends pas vraiment ce qui lui a pris ce jour-là pour juger de mon physique, mais en tout cas elle s'est excusée. Ariane était très occupée et elle arrivait souvent en fin d'après-midi pour récupérer les questions que ses journalistes lui avaient préparées. Elle m'a confié plus tard ne même pas savoir que je n'étais pas "auteur" des météos. Mais comme le raconte très bien Ollivier Pourriol dans son livre, personne ne se parle et ne se côtoie après l'émission. Par contre, puisque vous parlez de l'émission d'Hanouna, je m'amuse beaucoup de cette soudaine alliance forcée entre le Grand Journal et Touche pas à mon poste, surtout quand je repense aux nombreuses fois où les chefs du Grand Journal ont qualifié cette émission de "vulgaire" et "faite pour les beaufs". Une fois de plus, ils auraient mieux fait de prendre des notes au lieu de donner des leçons.
Purepeople : Est-ce que vous ne trouvez pas cela facile de descendre l'émission après en avoir profité pendant un an pour gagner en notoriété ?
Solweig Rediger-Lizlow : Alors je vais être très claire à ce sujet. Je ne regardais pas le Grand Journal avant, je ne l'ai surtout pas regardé pendant, histoire de ne pas avoir envie de me crever les deux yeux, et vous vous doutez bien que je n'ai aucune envie de la regarder depuis. Cette émission n'est effectivement pas dans mes goûts, mais je n'empêche personne de la regarder. Si vous écoutez exactement ce que je dis, c'est le système, et les intervenants dans la fabrication de cette émission que je critique. Si certains trouvent que je crache dans la soupe, alors c'est une soupe bien tiède et bien réchauffée. Je n'ai aucune actualité, rien à vendre, aucune envie de revenir à la télévision et encore moins de jouer dans des films aussi drôles que l'étaient les météos. En ce qui concerne toutes mes activités actuelles, celles avec lesquelles je m'amuse autant que je gagne de l'argent, elles n'ont aucun rapport avec mon passage au Grand Journal, et j'ai presque envie de dire "heureusement".
Purepeople : Pourquoi avoir attendu un an pour en parler ?
Solweig Rediger-Lizlow : Je n'ai rien attendu puisque je ne me suis pas arrêtée à mon expérience au Grand Journal. J'en ai parlé hier sur les réseaux sociaux tout simplement parce que je voyais que quelques journalistes avaient peine à croire certaines des scènes décrites par Ollivier Pourriol dans son livre. Tout ce qui est écrit est vrai, et réalisé sans trucages, je tiens juste à témoigner mon soutien.
Purepeople : Vous avez dit sur votre page Facebook : "J'ai refusé toutes les émissions TV, projets cinéma de comédies bien grasses qui m'ont été proposés. J'accorde bien plus d'importance à la liberté qu'à la célébrité." Vous avez eu tant de propositions que ça après le Grand journal ?
Solweig Rediger-Lizlow : Ça vous étonne qu'une jolie fille un peu conne intéresse des chaines de TV pour leur émissions ? Ça vous étonne que des producteurs et réalisateurs obtiennent plus facilement des financements pour leur films s'il y incorporent des figures de la chaîne concernée ? Plus sérieusement, oui, mais c'était du niveau de ce que j'ai subi durant une année, donc il en était hors de question. Si je dois revenir un jour à la télévision, cela sera uniquement si je sens que je peux parler librement, comme je peux le faire ici. Pour le cinéma, vu que je n'irai jamais voir ce genre de films en tant que spectatrice, je ne vois pas l'intérêt d'y participer. Je pense avoir eu raison sur ce coup-là, car les chiffres des comédies françaises se cassent de plus en plus la gueule, et les spectateurs sont de moins en moins dupes.
Purepeople : Pouvez-vous nous dire qui vous a proposé des choses ?
Solweig Rediger-Lizlow : Non, cela serait irrespectueux pour eux. Encore une fois, ce n'est pas parce que certains films ou émissions de TV ne sont pas dans mes goûts que je vais m'amuser à les citer.
Purepeople : Qu'auriez-vous à dire au producteur du Grand Journal aujourd'hui ?
Solweig Rediger-Lizlow : "Hey Pinocchio ! Ça ne te dit pas de regarder ton émission de temps en temps ? Et de venir voir ce qui se passe dans tes bureaux ?"
Purepeople : Si c'était à refaire, le referiez-vous ?
Solweig Rediger-Lizlow : Aucun regret, aucun remord, tout cela fait de moi la petite femme que je suis aujourd'hui.
Purepeople : Vous dites faire enfin ce qui vous plaît. Que faites-vous depuis la fin de votre chronique au Grand Journal ?
Solweig Rediger-Lizlow : J'ai repris le mannequinat sur les chapeaux de roues et je fais beaucoup de collaborations avec des créateurs, bijoux, etc... Je continue de m'éclater dans des projets qui me ressemblent, avec des références qui me parlent. Comme par exemple le dernier clip de Raveyards.
Purepeople : Va-t-on vous voir au cinéma ?
Solweig Rediger-Lizlow : Vous ne pensez quand même pas que les dirigeants de Canal+ refuseraient que j'apparaisse dans un film "StudioCanal" juste parce que je dis ce que je pense des méthodes du Grand Journal (KM Prod). Canal+ et cette émission sont deux entités bien distinctes, et ils savent parfaitement faire la part des choses. Pour le reste, je n'ai que 21 ans et j'estime avoir tout mon temps, y compris celui de savoir dire "non".
Interview exclusive ne pouvant être reprise sans la mention du site Purepeople.com