L'émotion est encore vive pour celles et ceux qui ont vécu l'attaque du Thalys reliant Amsterdam à Paris le 21 août. Parmi eux, l'acteur Jean-Hugues Anglade, dans le train avec sa compagne et ses enfants, qui a été blessé à la main. L'acteur de 37°2 le matin et de la série Braquo a livré son témoignage, se déclarant aussi "atterré" par le comportement de certains membres du personnel du train, les accusant de les avoir abandonnés à leur sort. Le contrôleur qui a tiré le signal d'alarme a répondu aux critiques d'Anglade tandis que le président de la République François Hollande a décoré à l'Elysée quatre des héros de cette fusillade qui aurait pu tourner au massacre. Le suspect, le Marocain Ayoub El-Khazzani, a été transféré samedi au siège de la sous-direction antiterroriste à Levallois-Perret, en banlieue parisienne, où se poursuit sa garde à vue, qui peut durer jusqu'à mardi soir, indique le site du Monde.
Interrogé par France Info, Michel Bruet, 54 ans, travaille sur les Thalys depuis 1998. Vendredi, lors de l'attaque, il s'est retrouvé face à face avec le suspect armé : "Là, j'ai vu des personnes sauter sur lui, ça s'est passé très vite. Je ne savais pas que c'était des Américains, ou des soldats. Quand je me suis relevé, l'homme était maîtrisé au sol, il y avait du sang sur les parois, sur une table. Je me suis empressé de tirer le signal d'alarme, j'ai pris contact avec le conducteur pour lui dire ce qu'il se passait, j'ai appelé ma direction pour qu'on puisse prêter assistance aux blessés. L'homme étant maîtrisé, j'ai demandé des secours, le SMUR et la police."
Je lui ai proposé de l'aide.
Le contrôleur a également fait part de son vécu quant à la colère de Jean-Hugues Anglade : "Je lui ai proposé de l'aide, il était en voiture n°11, l'incident était en voiture n°12, le mouvement de panique du personnel de restauration n'a pas grand chose à voir avec le personnel de contrôle. Je ne sais pas pourquoi M. Anglade à cette attitude vis-à-vis du personnel Thalys." Il ne s'agirait donc pas du personnel de la SNCF mais celui d'une société qui gère l'espace-bar.
Une précision dont a tenu compte l'acteur français. Après avoir rencontré dimanche les dirigeants de Thalys et de la SNCF, Jean-Hugues Anglade a maintenu sa version qui accuse des membres du personnel du train d'avoir abandonné les passagers, et s'est vu répondre que son témoignage serait "pris en compte" dans l'enquête interne, selon le communiqué signé par le comédien et sa compagne, ainsi qu'Agnès Ogier, directrice générale de Thalys, et Guillaume Pepy, président de la SNCF. Le texte rappelle l'accusation de l'acteur, mais précise que les agents incriminés font partie du "personnel de restauration", un point que Thalys et le SNCF font valoir depuis dimanche matin car il s'agit de salariés d'un sous-traitant. Ainsi, selon ces déclarations, "le contrôleur français et l'autre employé de Thalys présents dans la voiture où a eu lieu l'attentat, ont fait preuve (...) d'un comportement héroïque".
De son côté, François Hollande a fait, ce 24 août, chevaliers de la Légion d'honneur les trois Américains et le Britannique qui ont neutralisé l'homme armé. Deux autres, dont un Français qui souhaite rester anonyme, recevront la décoration "ultérieurement" : "J'ai tenu à vous remettre la plus haute distinction française pour vous dire combien nous vous sommes redevables", a estimé le chef de l'Etat. François Hollande a rendu hommage au "courage" et au "sang-froid" des quatre hommes qui incarnent "le bien" de "l'humanité" face au "mal qui est le terrorisme". Et le président a reconnu que leur intervention a permis d'éviter "une tragédie, un massacre".
Deux agents de la SNCF seront également décorés de la Légion d'honneur. Il s'agit du chef de bord du Thalys, Michel Bruet cité ci-dessus, ainsi que d'un conducteur de Thalys qui se trouvait en voyage privé, Eric Tanty. Ils ont été reçus lundi matin à l'Elysée, lors d'une réception à laquelle assistaient le Premier ministre belge Charles Michel et l'ambassadrice des Etats-Unis en France, Jane Hartley.