Lionel Messi, successeur de Lionel Messi ? Telle était la question brûlante dans les dernières heures précédant l'attribution du Ballon d'or 2010, Graal du football que le prodigieux Argentin de poche du FC Barcelone avait déjà décroché l'an passé.
Face à lui, deux champions du monde et deux... coéquipiers au Barça - dans le Onze d'or de l'année, on trouve d'ailleurs pas moins de 7 Espagnols, effet Mundial oblige. Ils étaient 23 dans la présélection de la FIFA, et Andres Iniesta ne pouvait pas ne pas faire partie du trio de tête, auteur lui aussi d'une saison 2009-2010 remarquable avec le Barça, mais également auteur du but de la délivrance en seconde mi-temps de la prolongation en finale de la Coupe du monde. Un but synonyme de sacre pour la Roja, qui en profitait alors pour s'approprier la première place du classement des nations FIFA.
Et de fait, c'est un autre Espagnol et un autre Blaugrana qui s'invitait auprès de Messi et Iniesta : l'indispensable Xavi, métronome adulé du Camp Nou.
Présents en Suisse dès le début d'après-midi, les trois athlètes ont quitté le Park Hyatt pour rejoindre le Palais des Congrès de Zürich, ceint par un dispositif de sécurité d'envergure, se prêtant à la traditionnelle conférence de presse préfigurant le dénouement imminent. Conférence de presse à l'occasion de laquelle Messi, génie balle au pied mais les pieds sur terre hors du pré, a indiqué qu'il échangerait volontiers un Ballon d'or contre un sacre en Coupe du monde - l'Argentine avait été corrigée en quart de finale par l'Allemagne. Mais on ne réécrit pas l'histoire...
En présence de nombreuses légendes vivantes, comme Abedi Pelé, Roger Milla, Franz Beckenbauer, ou encore les mythiques Ballons d'Or Hristo Stoichkov, Marco Van Basten, Jean-Pierre Papin, Lothar Matthaüs, ou encore Cristiano Ronaldo (sacré en 2008, 6e du palmarès cette année), le nom du lauréat a enfin été dévoilé, au bout du suspense et du gala, après un intermède musical signé Jamie Cullum et une longue rétro des Ballons d'or de l'histoire : Lionel Messi est le Ballon d'or 2010 ! Il réalise le doublé ! Il rejoint avec cet exploit Johann Cruyff, Kevin Keegan, Karl-Heinz Rummenigge et Marco Van Baasten, qui furent jadis auteur de ce même doublé consécutif. En point de mire, Michel Platini, primé trois fois de suite de 1983 à 1985.
Ce nouveau triomphe du lutin argentin (dont lui-même s'est dit étonné, tandis que ses copains et rivaux lui rendaient hommage), s'il est mérité au vu de ses qualités individuelles, ne manque pas de susciter la controverse : les médias espagnols s'indignent qu'on (par on, il faut presque entendre Sepp Blatter) ait privé un champion du monde ibérique de cette consécration. Mais les faits sont là : si Messi n'a pas brillé avec l'Albiceleste, que dire de son talent et sa grâce surnaturels, et de ses exploits multiples - premier joueur du Barça à réaliser deux hat-trick consécutifs, meilleur buteur de la Ligue des champions avec 25 buts inscrits (dont un quadruplé contre Arsenal), etc. Mais l'attaquant de la Pulga et du Barça doit également son triomphe à la refonte du système d'attribution du Ballon d'or (Ballon d'or et joueur Fifa de l'année ont fusionné), dont le vote fait désormais intervenir les suffrages des 208 capitaines et sélectionneurs des équipes nationales, en plus des journalistes. Que l'Espagne se modère malgré cela : car, si l'ancien système était resté en vigueur, à savoir basé sur le vote des journalistes uniquement, ce n'est encore pas un Espagnol qui aurait touché le Graal mais le Néerlandais Wesley Sneijder, devant Iniesta, Xavi et Messi.
Cette 55e édition du Ballon d'or novatrice est toutefois entérinée : Messi est Ballon d'or avec 22,65% des suffrages, Iniesta suit avec 17,36%, juste devant Xavi (16,48%).
Du côté des entraîneurs, une fuite avait précédé dans l'après-midi la consécration de José Mourinho, Ballon d'or du meilleur entraîneur pour son travail avec le Real Madrid, bien présent dans la salle malgré son étrange absence lors de la conférence de presse (officiellement, en raison d'un retard de son avion).
Silvia Neid, qui entraîne l'équipe féminine d'Allemagne championne d'Europe en titre, a reçu le trophée du meilleur entraîneur de foot féminin.
Le buteur vedette de la Bundesliga Hamit Altintop a quant à lui glané le Puskas Award du but de l'année (une volée monumentale à revoir ci-dessus).
Saluons enfin la cinquième consécration consécutive de la Brésilienne Marta, joueuse de l'année.