Tout était prêt pour une fête mémorable, comme on n'en a plus vu en Bavière depuis 2001, mais le scénario, rocambolesque, semblait écrit spécialement pour que ce soit Didier Drogba qui exulte. Dans son antre de l'Allianz Arena, le Bayern Munich de Franck Ribéry et d'Arjen Robben a terminé sa saison bien chaotique de la pire des manières : en perdant la finale de la Ligue des Champions aux tirs au but (1-1, 5-4) face aux Blues de Chelsea, transcendés par un Drogba combattant qui s'est chargé d'expédier le coup de grâce dans le petit filet droit de la cage gardée par le portier allemand (lequel n'avait pas eu grand-chose à faire pendant 120 minutes).
Le Bayern, déjà privé d'un 23e sacre en Bundesliga et atomisé en finale de coupe nationale par le Borussia Dortmund, et déjà privé de coupe aux grandes oreilles en 2011, a pris un ultime coup de massue sur la tête. Les images de l'épilogue d'une finale de Ligue des Champions sont toujours un peu les mêmes, mais sont toujours aussi fortes : après le penalty victorieux, le sourire euphorique de Didier Drogba et la liesse des Blues rendait encore plus sinistre la détresse des Bavarois, hébétés et en larmes sur la pelouse, sous les yeux d'un public en état de choc qui commençait à quitter les lieux pour ne pas voir le triomphe des Blues de Chelsea. D'autant plus dur après un authentique scénario catastrophe : confronté à des visiteurs anglais appliqués à défendre, reproduisant l'option tactique qui leur avait réussi face au FC Barcelone en demi-finale, le Bayern trouvait la faille au-delà de la 80e minute de jeu, le jeune Thomas Müller, seul au second poteau, plaçant une tête piquée maline (83e). Une ouverture du score comme une délivrance, après 80 minutes d'attaque-défense où tous les ballons bavarois ont arrosé tout autour du but de Petr Cech, quand ils n'étaient pas contré ou ne touchaient pas du bois. Le plus dur était fait, l'Allianz Arena bouillait... Sauf que Chelsea, contrait et forcé, se mettait alors à jouer, et son inévitable Didier Drogba faisait parler sa puissance et son timing pour expédier un coup de boule égalisateur dans la lucarne de Neuer. Direction de chaudes prolongations, puis d'harassants tirs au but, où les Allemands ne feront qu'effleurer la victoire (leur gardien Manuel Neuer inscrira même le troisième penalty !)... pour mieux la voir s'envoler. Cruel.
Alors, forcément, l'humeur était carrément d'enterrement et l'ambiance mortelle après la rencontre au Postpalast, palais des Congrès de Münich, qui avait été réservé pour l'after party et où le champagne et la bière étaient au frais. Et si on peut imaginer combien la désillusion est dure pour les joueurs, ayons une pensée compatissante pour leurs compagnes, réduites à les ramasser à la petite cuillère et à les réconforter en vain.
Arjen Robben, qui a fait honneur à sa réputation de joueur individualiste et a mangé la feuille de match en ratant totalement un penalty obtenu durant la première prolongation, tirait une tête de six pieds de long (il avait des raisons...), au grand dam de sa superbe épouse Bernadien, mère de leurs trois enfants, toute triste et incapable de lui changer les idées noires. Même constat du côté de Philippe Lahm et sa compagne de longue date Claudia, qu'il a épousée juste après la Coupe du monde 2010. Thomas Müller, câlin avec son amour de mannequin, Lisa, avec qui il est marié depuis 2009, semblait un peu moins marqué. A 22 ans, il lui reste plus de temps qu'à ses coéquipiers pour soulever le Graal continental.