Peut-on seulement jamais se remettre de la mort d'un enfant, quelles qu'en aient été les circonstances ? Plus d'un an après avoir eu l'extrême douleur de perdre leur petit garçon, Willem, mort-né à 32 semaines, Ben Fogle et Marina, son épouse depuis 2006, peinent encore à se remettre de ce cauchemar.
"Peut-être les gens ont-ils du mal à comprendre, soulignait cet été le charismatique et télégénique aventurier anglais, que perdre un enfant qui n'est pas encore né puisse vous affecter aussi profondément, mais c'est réellement le cas, c'est comme si on vous avait arraché quelque chose. Vous voyez les échographies et vous vous mettez à rêver. Vous imaginez à quoi ils vont ressembler, vous cherchez des prénoms. Alors quand tout s'écroule, ça semble désespérément injuste."
Ne pas avoir peur de la vérité
Ce désespoir et cette injustice, les parents de Ludovic, 5 ans, et Iona, 4 ans, qui avaient déjà fait la terrible expérience de la fausse couche avant la naissance de leur premier garçon, tentent de les surmonter en les extériorisant, après une bien compréhensible période de reclusion. Récemment, Marina Fogle, qui a bien failli elle-même perdre la vie en même temps que son bébé, s'armait de courage pour briser le tabou au travers d'une lettre ouverte publiée par le quotidien londonien The Times : "Quand le chagrin surgit de nulle part pour vous frapper, s'abattant sur vous tel un raz-de-marée, vous apprenez énormément, et très vite... L'une des choses les plus importantes que j'ai apprises, c'était de ne pas avoir peur de la vérité, quelle que soit la sensibilité de votre public." Illustrant son propos, la jeune femme n'hésite pas à raconter ce jour d'août 2014 où elle a dû être transportée d'urgence à l'hôpital en raison d'un hématome rétroplacentaire, une très grave complication ; victime d'une hémorragie, il a fallu pratiquer une césarienne, qui lui a sauvé la vie à 20 minutes près... Elle relate aussi ce moment où elle a annoncé à Ludo, qui avait alors 4 ans, que son petit frère était parti, sans chercher à cacher ses torrents de larmes et en lui faisant comprendre que l'amour de leur famille leur permettrait de traverser cette épreuve.
"L'une des choses les plus difficiles, ça a été d'accepter l'absence de sens de la mort de mon fils, conclut-elle, alors que son époux et elle ont organisé cette année une cérémonie privée dans une église de l'Oxfordshire en souvenir de Willem. Si sa mort peut me donner une voix pour parler de quelque chose dont les gens ont peur de parler ou pour donner à une femme enceinte la confiance de demander conseil si elle a la moindre inquiétude à ce sujet, alors sa mort semble un peu moins vaine et cela allège un peu le fardeau de ma peine."
Cette semaine, Ben Fogle, qui fêtait en début de mois ses 42 ans, est à son tour revenu sur cette tragédie et la manière dont sa famille avance, depuis. Un nouveau membre l'a d'ailleurs rejointe, qui l'accompagnait sur le plateau du show télé Lorraine : Storm, un magnifique labrador. "Ça ne remplace pas, rien ne réparera jamais ça", prend-il bien soin de souligner quand on lui demande si Storm a joué un rôle dans le processus de guérison.
On n'a qu'une vie
"Ma femme et moi sommes tous deux des optimistes, nous retenons les aspects positifs de la vie. Nous avons profité au mieux de cette année, nous avons fait absolument tout ce que nous pouvions faire avec les enfants. Cela nous rappelle la valeur de chaque minute, l'importance de vivre sa vie pleinement. C'est l'une des raisons pour lesquelles j'ai fait tant de choses au cours des quinze dernières années, confie l'explorateur-animateur parti dans les régions les plus reculées du monde pour tout un tas d'aventures intrépides. Je sais que c'est un lieu commun, mais on n'a vraiment qu'une vie. Si vous regardez les aspects positifs, si vous testez vos limites et vous fixez des défis... Je me décris comme une personne qui dit oui. Si vous dites non à trop de choses, vous vous mettez à penser "et si..."."