Il n'aura pas fallu longtemps avant que la Berlinale connaisse une polémique, mais on ne s'attendait pas qu'elle arrive à cause de Meryl Streep, présidente du jury et actrice américaine acclamée partout où elle passe. La star de 66 ans a provoqué une controverse en déclarant à la presse durant l'ouverture du festival, le 11 février : "Nous sommes tous Africains." George Clooney s'est lui aussi retrouvé en situation déstabilisante dans la capitale allemande.
Meryl Streep répondait à une question sur ses positions sur les sujets de l'égalité et de la diversité - débat houleux des Oscars notamment. Ainsi, son jury, composé uniquement d'artistes blancs, a été montré du doigt durant la conférence de presse : "Ce jury est la preuve qu'au moins les femmes sont inclues et dominent même la composition. Ça n'arrive pas souvent, je pense que la Berlinale est en avance de ce point de vue-là."
Puis, quand un autre journaliste lui demande quelle compréhension elle a du monde arabe et de l'Afrique, elle a répondu : "J'ai joué différents personnages, qui viennent de culture différentes. Le noyau de l'humanité se déplace à travers toutes les cultures, après tout, ne sommes-nous tous pas d'Afrique à l'origine ?" Elle ajoute, selon l'Associated Press : "Festivaliers berlinois, nous sommes vraiment tous Africains." Cependant, Variety a retranscrit différemment ses propos : "Nous sommes tous Africains, nous sommes tous Berlinois", en référence à la célèbre phrase de John F. Kennedy : "Ich bin ein Berliner."
Les réponses de Meryl Streep ne font pas l'unanimité. Sur Twitter, se distingue le sentiment que l'actrice a tenté d'évacuer la question de la diversité en changeant de sujet. On l'interroge sur la diversité, elle parle de la place des femmes, on la questionne sur les autres cultures, elle place le débat au niveau, très large, de l'humanité. Le sujet est manifestement trop brûlant pour être commenté avec de grandes phrases made in Hollywood, éloignées de la réalité.
George Clooney a brillé avec son épouse Amal sur le tapis rouge de Berlin - le film dont il est le héros, Ave, César !, faisant l'ouverture. Cependant, l'ambiance était moins sympathique lors de la conférence de presse de l'après-midi.
Sourire charmeur et bonne humeur à toute épreuve, George Clooney a pourtant eu du mal à ne pas s'énerver face à un journaliste qui l'a questionné de façon brutal, lui demandant ce qu'il faisait d'autre à part des films face à la crise des réfugiés en Europe : "Je passe beaucoup de temps sur cette problématique. C'est plutôt étrange de voir quelqu'un se lever et dire 'Qu'est-ce que vous faites, vous ?' C'est bon, faites-vous plaisir."
Il a ensuite poursuivi : "Je suis allé dans des endroits très dangereux, j'ai beaucoup travaillé sur ces problèmes... Je me suis longuement battu pour faire un film sur le Soudan et le Darfour, qui est un sujet qui me touche particulièrement. Mais je n'ai pas réussi à trouver le bon scénario."
L'acteur, producteur et réalisateur s'était en effet impliqué politiquement durant la crise au Darfour. Ainsi, il va rencontrer la chancelière allemande Angela Merkel, ainsi que des réfugiés récemment arrivés en Allemagne, ce vendredi 12 février, avec sa femme Amal, avocate spécialisée dans les questions humanitaires.
The Hollywood Reporter précise que les réalisateurs d'Ave, César, les frères Coen, ont eux aussi eu droit à leur question sur la crise des réfugiés, devant s'expliquer sur le fait qu'ils n'ont jamais abordé ce genre de thématiques dans leurs films. Ils ont alors regretté qu'on leur demande leur avis, simplement parce qu'ils sont des personnalités publiques.