Le 14 avril 2016, le clan Chirac vivait une tragédie : la mort de Laurence, fille aînée de Jacques et Bernadette Chirac, à l'âge de 58 ans, des suites d'un malaise cardiaque. Cette semaine dans Paris Match, l'épouse de l'ancien président n'évoque pas sa douleur, par pudeur, mais l'immense soutien que ses proches et elle ont reçu après cette terrible disparition.
"Au moment de la mort de Laurence, en avril, nous avons reçu quelque 800 lettres de condoléances, commence Bernadette Chirac. Les gens voulaient aussi, par fidélité à Jacques Chirac, nous témoigner leur affection, leur sympathie, partager notre désarroi." L'ancienne première dame raconte également : "La princesse Lalla Salma, épouse du roi du Maroc, m'a proposé de venir passer quelques jours pour me remonter le moral. Le roi du Maroc m'a téléphoné trois fois, et chacune de ses soeurs - les trois princesses - m'a également appelée. Nombre de chefs d'Etat ou de gouvernement nous ont écrit, tout comme Valéry Giscard d'Estaing, Alain Juppé, Jean-Marc Ayrault, et bien d'autres. François Hollande m'a téléphoné." Et bien sûr, Bernadette a pu compter sur le soutien de son chouchou : "Quant à Nicolas Sarkozy , il a tenu, une heure avant de partir pour les Etats-Unis, à venir se recueillir à mon côté. Il a essayé, par ses paroles sensibles, d'apaiser ma douleur. C'est vraiment un homme de grand coeur."
Nicolas Sarkozy a tenu à venir se recueillir à mon côté
Quelques jours après le décès de Laurence Chirac, qui a vécu dans l'ombre une vie de douleurs marquée par l'anorexie et une terrible tentative de suicide, son beau-frère Frédéric Salat-Baroux, époux de Claude, se faisait le porte-parole de la famille dans les médias. Au Figaro, il déclarait : "Perdre un enfant est la pire des choses qui puisse vous arriver. Pour le président Chirac comme pour Bernadette, c'est un instant terrible. La maladie de Laurence avait façonné leurs vies. Laurence était une personne magnifique d'humanité. Sa vie de souffrances avait fait d'elle un être totalement à l'écoute des autres. Elle laisse un vide énorme." Puis, il ajoutait sur Europe 1 : "C'est nécessairement un moment très dur [pour Jacques Chirac]. Il vit maintenant la pire chose qui puisse arriver à une personne, c'est-à-dire perdre son enfant. (...) C'est encore plus dur pour [Bernadette Chirac]. Elle est émouvante de dignité dans ces moments-là."
Dans cette grande interview qu'elle accorde cette semaine à Paris Match, Bernadette Chirac évoque autant son engagement politique en Corrèze, depuis trente-six ans, qu'humanitaire à la tête des fondations Hôpitaux de Paris-Hôpitaux de France et Claude-Pompidou. Elle raconte son quotidien entre Paris et le département de son coeur. ll y a quinze jours, elle a, par exemple, inauguré une exposition de photographies, Chirac. Instantané(s), présentée actuellement au Musée du Président Jacques-Chirac à Sarran. Elle est composée de clichés signés Christian Vioujard, réunis également dans un ouvrage : "Il a suivi mon mari depuis 1967, date de sa première élection législative en Corrèze, précise Bernadette. J'ai dédicacé l'ouvrage à une centaine de Corréziens, que je connaissais presque tous."
J'ai dédicacé l'ouvrage à une centaine de Corréziens, que je connaissais presque tous
Bernadette Chirac révèle également que Jacques Chirac a pu enfin découvrir l'exposition que lui consacre le musée du quai Branly, dont il est à l'origine et qui porte désormais son nom. Après une inauguration en fanfare le 20 juin, marquée par les hommages du président Hollande et de son petit-fils Martin (20 ans), fils de Claude Chirac et de son ex-mari Thierry Rey, c'est en catimini que l'ancien président a enfin pu découvrir l'exposition Jacques Chirac ou le dialogue des cultures : "Nous l'avons fait l'autre lundi [jour de fermeture du musée, NDLR], raconte Bernadette, en compagnie de M. Abdou Diouf, l'ancien président du Sénégal, et de Stéphane Martin, qui dirige le musée. Nous étions guidés par Jean-Jacques Aillagon, le commissaire de cette éblouissante exposition. Nous sommes restés près d'une heure, mon mari en a été fort heureux et très ému. Ce sont encore de vrais moments de joie à ses côtés."
Affaibli depuis un AVC il y a dix ans, Jacques Chirac a été hospitalisé en décembre pour un gros coup de fatigue. Depuis quelques années, il souffre d'anosognosie, une forme de la maladie d'Alzheimer. Comme l'a expliqué son gendre sur Europe 1 en avril : "Il en a conscience. C'est en cela que son combat contre la maladie est particulièrement courageux." Sa dernière sortie en public était pour les obsèques de sa fille à la basilique Sainte-Clotilde à Paris. La défunte a ensuite été inhumée dans la plus stricte intimité familiale au cimetière du Montparnasse.
Paris Match, en kiosques depuis lundi 18 juillet 2016.