La mort soudaine de Laurence Chirac, décédée le 14 avril à l'âge de 58 ans après avoir été victime d'un malaise cardiaque, a plongé sa famille dans un douloureux deuil mais a également bouleversé une grande partie des Français. Alors que les obsèques de la fille aînée de Jacques et Bernadette Chirac ont été célébrées vendredi à la basilique Sainte-Clotilde dans le 7e arrondissement de la capitale, Paris Match publie aujourd'hui un grand reportage qui lui rend hommage. Baptisé "Laurence, le drame secret des Chirac", celui-ci revient en détails sur l'existence cisaillée de celle qui a trop longtemps souffert d'anorexie mentale. Une maladie provoquée par une méningite lorsqu'elle était seulement âgée de 15 ans et qui l'avait plongée dans une profonde dépression tout au cours de son adolescence et de sa vie de femme.
Si l'on savait que Laurence Chirac avait tenté de mettre fin à ses jours en 1990 à l'âge de 32 ans, en se défenestrant de son appartement parisien alors que ses parents venaient de s'envoler pour un séjour en Thaïlande, on ignorait ce qu'il était réellement advenu de son quotidien lorsque son père avait posé ses valises à l'Elysée pour exercer ses deux mandats, de 1995 à 2007. Décrite comme "brillante", "curieuse" et "affectueuse", la jeune femme était également "très bonne élève" et faisait la fierté de sa famille. Combattive dans les épreuves et la souffrance, Laurence Chirac a tenu à poursuivre ses études de médecine jusqu'au bout, parvenant jusqu'à la thèse et réalisant "des stages dans divers services hospitaliers". Malgré tout, elle n'avait pas pu aller jusqu'à l'internat. A une certaine époque, elle ne pesait d'ailleurs plus que 27 kilos, comme le relatait l'auteur du livre Les Chirac : les secrets du clan, Béatrice Gurrey.
Après sa tentative de suicide, c'est donc dans un appartement situé au rez-de-chaussée d'un immeuble du 15e arrondissement que Laurence Chirac a vécu les années présidentielles, protégée de l'exposition médiatique, couvée par l'amour de son clan et épaulée par la surveillance constante d'une infirmière. "Pendant ses douze années à l'Elysée, Bernadette allait dormir [chez Laurence] une fois par semaine, quittant discrètement le palais avec son oreiller sous le bras. Ce qui en intriguait plus d'un..." souligne Paris Match. Seuls quelques proches étaient mis dans la confidence. Ces personnes qui "respectaient la discrétion absolue" constituaient d'ailleurs "des êtres à part" aux yeux de Jacques Chirac, lui qui "n'aime pas s'épancher sur ses états d'âme". On apprend ainsi que le grand-père de Valérie Pécresse, le médecin psychiatre Louis Bertagna soignait Laurence Chirac "avec un dévouement sans égal". "Si Chirac l'a prise sous son aile [Valérie Pécresse avait été sa conseillère, NDLR], c'est par reconnaissance", ajoutent nos confrères.
Dans les colonnes du magazine, on en sait également un peu plus sur les dernières années de la vie de Laurence Chirac, qui "après de longues périodes chaotiques allait mieux", ayant "enfin trouvé une forme d'équilibre" et "pesait un poids normal". Passionnée de sciences mais aussi de cinéma, de musique classique et de lectures, l'aînée du clan Chirac profitait de son temps libre pour s'évader "lors de timides promenades dans son quartier" ou pour "pratiquer l'équitation en forêt de Rambouillet". Malgré plusieurs opérations, dont une du pied réalisée à l'été 2014 pour soulager ses anciennes blessures, elle s'était en partie remise de ses traumatismes. Grâce sa volonté et à son courage, "elle se relevait peu à peu" et "la vie reprenait doucement le dessus". Preuve en est, elle avait joyeusement assisté en novembre 2012 aux 80 ans de son père, entourée de sa famille. Vêtue d'une veste et d'un pantalon en jeans, Laurence Chirac (qui n'était plus apparue depuis 1995) figure sur une photo avec un sourire aux lèvres, le regard doux. Lors de vacances organisées par la famille au Maroc en septembre 2014, elle avait également répondu présent. Sur un cliché, elle apparaît aux côtés de Pria, "celle qui s'occupait d'elle au quotidien", et de son père, "pour qui elle a toujours des gestes d'une tendresse infinie".
Mais cet hiver, Laurence Chirac avait été victime d'un abcès au poumon. "Elle dut être hospitalisée pendant un mois et subir une nouvelle opération avant de regagner son domicile. Ce qui, une fois de plus, l'avait affaiblie", poursuit Paris Match, qui revient sur le dimanche de sa mort. La fille de Jacques et Bernadette Chirac a été victime "d'un trouble de la déglutition", provoquant "une détresse respiratoire avec arrêt cardiaque". Après avoir été transférée d'urgence à l'hôpital Necker (où "naguère, jeune médecin, elle avait travaillé aux urgences"), elle avait sombré dans un coma. Laurence Chirac ne s'est jamais réveillée, et son décès était prononcé quatre jours plus tard. Elle laisse derrière elle une famille unie dans la douleur. "Perdre un enfant est la pire des choses qui puisse vous arriver. Pour le président Chirac comme pour Bernadette, c'est un instant terrible. La maladie de Laurence avait façonné leurs vies", déclare Frédéric Salat-Baroux, l'époux de Claude Chirac, dans une interview adressée ce mercredi 20 avril au journal Le Figaro. "Laurence était une personne magnifique d'humanité. Sa vie de souffrances avait fait d'elle un être totalement à l'écoute des autres. Elle laisse un vide énorme", conclut-il.
Sarah Louaguef