Réactualisation : Le tribunal correctionnel de Paris a autorisé lundi Jacques Chirac à être "jugé en son absence" au procès des emplois fictifs de la ville de Paris, en raison des "problèmes médicaux" qu'il a fait valoir. L'ancien président de la République sera donc représenté par ses avocats comme il l'avait demandé. "La comparution personnelle ne sera pas ordonnée", a annoncé le président de la 11e chambre, Dominique Pauthe à l'AFP. Les débats sur le fond commenceront dès mardi après-midi.
Le 4 septembre nous écrivions : Le procès des emplois fictifs présumés de la mairie de Paris doit s'ouvrir lundi à la 11e chambre du tribunal correctionnel de Paris. La question que tout le monde se pose : Jacques Chirac pourra-t-il y assister ? Après une réunion de travail, le 1er septembre, à son retour de Dinard, il a été décidé que ses avocats remettent vendredi un rapport médical - établi à la demande de Bernadette et de sa fille Claude Chirac par le professeur Olivier Lyon-Caen, chef du service de neurologie à la Pitié-Salpêtrière - au président du tribunal Dominique Pauthe décrivant l'aggravation de son état de santé.
Selon Le Monde, ce rapport médical affirme que "M. Chirac est dans un état de vulnérabilité qui ne lui permet pas de répondre aux questions sur son passé". Le Journal du Dimanche, dans son édition du 4 septembre, va plus loin et révèle la maladie dont souffre l'ancien président telle qu'elle a été établie, et écrite noir sur blanc, dans ce rapport : Jacques Chirac souffre d'anosognosie.
Le JDD a sollicité les éclaircissements d'un des plus grands spécialistes français de la maladie d'Alzheimer car, oui, l'anosognosie est un symptôme d'Alzheimer : "L'anosognosie est le fait de ne pas être conscient des difficultés que l'on a. Cela fait effectivement partie des symptômes que le grand public appelle Alzheimer, même si, à proprement parler, nous avons une quarantaine de noms de maladies pour désigner ce genre de troubles neurologiques." Concrètement, Jacques Chirac souffre de troubles de la mémoire et fini par ne plus s'en rendre compte. Il "oublie qu'il oublie" souligne le JDD, selon l'expression de ce spécialiste.
En mars, peu avant le premier rapport du procès, les rumeurs sur l'état de santé de Jacques Chirac faisaient la une des journaux. Sa famille, Bernadette Chirac en tête, avait nié avec véhémence qu'il souffrait d'Alzheimer. Frédéric Salat-Baroux, gendre des Chirac depuis qu'il a épousé Claude en février dernier, s'exprime aujourd'hui avec pudeur sur la question : "Jacques Chirac n'a plus de mémoire pour assister à son procès, mais de toutes ses forces il souhaite qu'il aille à son terme. Son état de santé s'est aggravé depuis quelques mois. Sa présence ne peut pas avoir lieu dans des conditions humaines et de dignité."
Dominique Pauthe, le président de la 17e chambre du tribunal correctionnel a plusieurs options : demander une contre-expertise médicale, accepter que Chirac n'assiste pas à son procès et soit représenté par ses avocats, ou même, tout simplement, abandonner les poursuites en ce qui le concerne : comment se défendre quand on a tout oublié... ou presque ?
Cet homme qui a été le président des Français et nous a représenté dans le monde entier est aujourd'hui obligé d'étaler sur la place publique ses ennuis de santé... on pourrait pas, nous aussi, oublier ?