Mardi matin, Bernard Laporte a été placé en garde à vue à Paris. Comme l'a rapporté l'AFP le 22 septembre 2020, le patron du rugby français est soupçonné, dans le cadre de l'enquête sur ses liens avec le groupe Altrad, d'avoir favorisé le Montpellier Hérault Racing (MHR), en intervenant auprès de la commission d'appel de la FFR pour faire diminuer des sanctions contre le club, fin juin 2017. L'ex-joueur et entraîneur de 56 ans est arrivé mardi matin dans les locaux de la Brigade de répression de la délinquance économique, à dix jours de sa succession à la tête de la Fédération française de rugby (FFR).
Le patron du groupe, Mohed Altrad, propriétaire du club de Montpellier et sponsor des Bleus, a également été placé en garde à vue par la police financière, tout comme le patron du Mondial-2023, Claude Atcher, et deux hauts responsables de la Fédération, Serge Simon et Nicolas Hourquet. Laporte, ancien sélectionneur des Bleus (2000-2007), devenu ensuite secrétaire d'État chargé des Sports de Nicolas Sarkozy (2007-2009), s'est toujours défendu de toute intervention en faveur de Montpellier, même s'il a reconnu avoir téléphoné au président de la commission, Jean-Daniel Simonet. Lundi, son avocat, Me Jean-Pierre Versini-Campinchi, a dénoncé le "timing" de cette convocation, une "ingérence judiciaire" dans le processus électoral, selon lui.
Des inspecteurs généraux du ministère des Sports ont également établi dans un rapport transmis à la justice que les décisions de la commission avaient été "modifiées", entre les 29 et 30 juin 2017. Dans un premier temps, la commission d'appel aurait décidé de confirmer les sanctions prononcées par la Ligue (LNR), soit 70 000 euros d'amende et un match à huis clos, avant de passer à 20 000 euros d'amende et un sursis sur le match à huis clos. Le dossier portait sur le déploiement de banderoles hostiles à la Ligue par les supporteurs du MHR.
Trois mois plus tôt, le groupe Altrad, spécialisé dans les matériels de bâtiment, était devenu le premier sponsor maillot du XV de France, avant de soutenir la candidature française, finalement victorieuse, pour l'organisation de la Coupe du monde 2023. En révélant l'affaire en août 2017, le JDD avait aussi mis au jour l'existence d'un contrat entre BL Communication, une société dirigée par Bernard Laporte, et Altrad Investment Authority, pour un montant de 150 000 euros. Sous la pression, l'ancien manager de Toulon y avait renoncé.