Un coup dur. Alors que le procès en appel de Bernard Tapie s'est finalement tenu en son absence en raison de son état de santé qui s'est récemment aggravé - il lutte contre le cancer depuis déjà trois ans -, la peine requise par le parquet général mercredi 2 juin 2021 lui a sans doute donné un coup derrière la nuque.
Le parquet a requis 5 ans de prison avec sursis et 300 000 euros d'amende pour complicité d'escroquerie et détournement de fonds publics, au procès de l'arbitrage qui lui avait octroyé 403 millions d'euros en 2008 dans son litige avec le Crédit Lyonnais. Pour l'accusation, les prévenus ont bien "manipulé" une procédure de règlement privé organisée en 2007-2008 pour mettre fin à la longue bataille judiciaire entre Bernard Tapie et le Crédit Lyonnais autour de la revente d'Adidas en 1993. Un épisode médiatique de la longue carrière de l'homme d'affaires et ex-ministre qui a connu la grande richesse et des coups durs financiers.
Compte tenu "de son état de santé actuel", le ministère public a requis du sursis à l'encontre de Bernard Tapie, avec une obligation de restituer "l'argent public approprié indûment" et la confiscation des biens saisis. Les avocats généraux ont campé un "trio" dans lequel ce dernier a joué un "rôle central", en donnant des "instructions" pour mettre en place un arbitrage "fallacieux", rapporte l'AFP. Son avocat d'alors, Maurice Lantourne, "a sciemment introduit dans le processus un arbitre complètement acquis à sa cause", le haut magistrat Pierre Estoup, qui a eu "un rôle actif" pour "tromper l'Etat" et "les deux autres arbitres", en "manipulant les débats", selon l'accusation. Les avocats généraux ont réclamé 3 ans avec sursis et 300 000 euros d'amende pour Me Lantourne et M. Estoup pour escroquerie, requérant cependant des relaxes pour la complicité de détournement de fonds publics.
Les plaidoiries de la défense sont prévues de lundi 7 juin à mercredi 9, puis la décision sera mise en délibéré.