Difficile d'imaginer le retour de Bertrand Cantat sur le devant de la scène sans que le fantôme de Marie Trintignant ne vienne brouiller sa démarche artistique. Barclay a pris le risque d'une levée de boucliers en signant le premier album solo de l'ancien leader de Noir Désir. Mais le label d'Universal aurait pu s'épargner un handicap supplémentaire : Horizons, titre de cet album conçu avec le bassiste Pascal Humbert, est prévu le 25 novembre. Le même jour, se tiendra la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes.
Ce télescopage malheureux de calendrier a été repéré par les internautes et relayé par nos confrères de metronews.fr. Sortir le premier album solo de Cantat ce jour-là, après qu'il a longuement travaillé à son retour en remontant épisodiquement sur scène, en multipliant les collaborations (Shaka Ponk, Amadou et Mariam pour leur très bel album Folila), c'est au mieux gênant et, au pire, c'est se tirer une balle dans le pied. L'ennui, c'est la première réaction du label contacté par Metronews : "Barclay n'est pas au courant de ce télescopage mal venu et n'a pas caché son embarras face à la situation", écrivent nos confrères. Circonstances aggravantes la récente polémique autour du suicide de Kristina Rady, en janvier 2010. Les parents de la jeune femme, son dernier compagnon et le livre L'Amour à mort des journalistes Stéphane Bouchet et Frédéric Vézard pointent tous du doigt la pression psychologique qu'aurait exercée Cantat sur la mère de ses deux enfants. Le 25 novembre est un argument supplémentaire pour les détracteurs de l'artiste qui ne manqueront pas de se manifester. Car si Bertrand Cantat a payé sa dette à la société, en tant que personne publique, il n'a pas le droit à l'oubli.
Selon Olivier Caillart, directeur général de Barclay, le premier single du projet Détroit (nouveau pseudo de Cantat) s'intitule Droit dans le soleil et sortira lundi prochain, le 30 septembre. La chanson a été coécrite au Liban avec Wajdi Mouawad. Ce dernier avait essuyé un tsunami de critiques lorsqu'il avait convié Cantat à participer à sa pièce La Trilogie des Femmes d'après Sophocle.
Marie Trintignant est tombée sous les coups de son compagnon il y a dix ans. Bertrand Cantat a été condamné à huit ans de prison. Il est libre depuis l'automne 2007. Son contrôle judiciaire a pris fin le 29 juillet 2010.