A l'aurée d'une nouvelle saison NBA qui s'annonce passionnante, entre l'une des draft les plus talentueuse de l'histoire, le retour totalement fou de LeBron James à Cleveland et des outsiders toujours plus motivés pour renverser les Spurs de Tony Parker, les projecteurs ne manqueront pas de se braquer sur les Clippers de Los Angeles. Débarrassé de Donald Sterling, son propriétaire raciste, l'équipe de Chris Paul et Blake Griffin espère enfin jouer un rôle majeur dans la puissante ligue. Avant de fouler les parquets, Blake Griffin s'est fendu d'une tribune pour exorciser le passé et faire disparaître le fantôme de Sterling...
Impliqué récemment dans une altercation lors d'une sortie nocturne, Blake Griffin, sans doute le joueur le plus spectaculaire de ces dernières années, a démontré qu'il avait un talent pour l'écriture en plus de celui d'éclater quelques dunks sur le visage de ses adversaires. Dans un papier intitulé The Boss et publié sur le site The Players Tribune, fondé par la légende du baseball et des Yankees de New York, le jeune retraité Derek Jeter, Griffin revient ainsi sur sa première rencontre avec l'ex-propriétaire des Clippers, "viré" de la ligue après ses propos racistes.
Exposé comme un objet
Choisi en 1ère position en 2009, Blake Griffin rencontre son boss pour la première fois lors de sa fameuse Soirée Blanche à Malibu. "Donald Sterling m'a pris par la main. Vous savez, comme font les personnes âgées quand elle vous attrape le dessus de votre main juste avec leurs doigts et vous conduise partout ? C'est ce qu'il faisait", raconte le jeune homme de 25 ans. Donald Sterling, vieux propriétaire des Clippers tout habillé de noir, conduit alors la jeune pépite sur le balcon qui surplombe le terrain de tennis où se déroule la fameuse soirée et lâche : "Ce n'est pas fabuleux ?" Soudain, deux créatures blondes sortent de nulle part et encadrent le rookie de 20 ans, portant toutes les deux des maillots des Clips, bien trop grand pour elles, et noués à la taille.
Sur le visage de Donald Sterling, un sourire niais. "J'ai regardé une des filles, comme si je voulais lui dire 'Euh, tu n'as pas à faire ça'. Elle m'a regardé en retour : 'Euh, si.'", poursuit Blake Griffin. Le reste de la soirée, il va ainsi être trimballé par Donald Sterling qui souhaite le présenter à tous ses invités sans exceptions. Tous. Et à chaque fois, le même discours, toujours en le tenant par la main : "Tout le monde, avez-vous rencontré notre nouvelle star ? Voici Blake ! Il a été le premier choix de la draft. Premier ! Blake, d'où viens-tu ?" Et Blake de répondre de l'Oklahoma. "Oklaoma ! Et dis à ces gens ce que tu penses de L.A.", reprend Donald Sterling. "Alors je disais que c'était très cool", raconte Blake, avant que son propriétaire ne lâche : "Et quid des femmes à L.A., Blake ?"
Et toute la soirée se déroula de la même manière, le jeune homme étant incapable de dire non à son boss. "A un moment, un gars qui avait manifestement participé à plusieurs soirées, s'est retourné vers moi et m'a dit : 'Continue de sourire, mec. Tout sera bientôt terminé'", écrit Blake Griffin.
Une première rencontre surréaliste entre un joueur star, aujourd'hui au sommet de son art, et un propriétaire raciste longtemps ignoré par les médias. Il aura fallu la publication et la diffusion de bandes audio enregistrées par une très jeune ex-compagne pour que le scandale éclate. Forcé de vendre ses Clippers, Donald Sterling tente de présenter ses excuses, excuses qui se transforment en insultes envers Magic Johnson. Au terme d'un feuilleton judiciaire, le boss des Clips vend finalement son équipe pour 2 milliards de dollars à Steve Balmer, ex-patron de Microsoft, fan avant d'être propriétaire. Un changement salutaire pour l'avenir de la franchise et pour Blake Griffin.
The boss, par Blake Griffin, une tribune à retrouver sur le site internet The Players Tribune