Novembre 2013, après une petite polémique, Bob Dylan reçoit finalement les insignes d'officier de l'ordre national de la Légion d'honneur. Mais de sa venue dans la capitale, dans le cadre de son Never Ending Tour qui faisait escale trois soirs au Grand Rex, le songwriter américain a ramené une mise en examen pour "injure" et "provocation à la haine", révèle l'AFP. L'interprète de Knocking on Heaven's Door est dans la ligne de mire d'une association croate depuis son interview donnée au magazine Rolling Stone américain, traduite et publiée dans l'édition française du magazine en octobre 2012.
Dans cette interview fleuve, Bob Dylan, dont la famille juive est originaire d'Europe de l'Est, évoquait son nouvel album, Tempest, Barack Obama, Bruce Springsteen ou les années 60. Selon nos confrères du Monde.fr, "à chaque question, le journaliste Mikal Gilmore s'est vu donner plus qu'il n'avait demandé". Quand il demande à Dylan s'il établit un parallèle entre l'Amérique de la guerre de Sécession et celle d'aujourd'hui, le songwriter lui répond : "Les États-Unis se sont embrasés et ont été détruits à cause de l'esclavage. (...) Ce pays est trop obsédé par la couleur de peau. (...) Des gens continuent de se déchirer parce qu'ils ont une couleur de peau différente. (...) Les Noirs savent que certains Blancs n'auraient jamais abandonné l'esclavage – que si on les avait laissés faire, ils seraient encore sous leur joug, et ils ne peuvent pas faire semblant de l'ignorer. Si vous avez un esclavagiste ou un membre du Ku Klux Klan dans votre sang, les Noirs peuvent le sentir. Même encore aujourd'hui. Tout comme les Juifs peuvent sentir le sang nazi et les Serbes le sang croate."
Le Conseil représentatif de la communauté et des institutions croates en France (CRICCF) a déposé plainte il y a un an et s'est constitué partie civile. Le chanteur a été entendu et mis en examen, ce qui est automatique dans ce type de procédure, lors de son récent passage à Paris. Selon Vlatko Maric, secrétaire général du CRICCF, cité par le Croatian Times, un site anglais, Bob Dylan a "indéniablement incité à la haine contre les Croates" dans cette interview. Pour l'heure, la maison de disques française du poète (Sony Music) déclare ne rien savoir de l'affaire, tandis que l'intéressé ne s'est pas encore exprimé. L'affaire devrait être jugée devant la 17e chambre du tribunal de grande instance de Paris. La date n'est pas encore déterminée, selon Le Monde. Assistera-t-il à l'audience ou se fera-t-il représenter ?
Bob Dylan est présumé innocent des faits que lui reproche cette association jusqu'au verdict final de la justice française.