Evincé des rings d'autorité par le pouvoir du business, faute d'avoir trouvé un diffuseur pour ses combats, Brahim Asloum a raccroché les gants de mauvais gré. Mais, pugnace et plein de panache, l'ancien champion olympique (2000) et champion du monde (2007) de boxe, palmarès à part dans l'histoire de la discipline en France, ne veut pas abdiquer sa passion : après s'être résigné à jeter la serviette en septembre 2009, celui qu'on a pu entendre dans la dream team de consultant de la station RMC entend rendre à la boxe ce qu'elle lui a donné en pilotant l'équipe de boxe du Paris United, dont il est le manager et le propriétaire, et qui dispute depuis septembre 2010 les World Series of Boxing.
Hier soir, vendredi 28 janvier 2011, les athlètes franciliens ont dû s'incliner à domicile, à la Halle Carpentier, dans la septième journée de ce championnat mondial. La lutte a été serrée, le score en témoigne : 3-2 pour les visiteurs, les Italiens du Thunder de Milan. Les boxeurs d'Asloum, bientôt 32 ans, ont évolué devant un public acquis à leur cause où l'on pouvait croiser un certain nombre de célébrités (ce qui semble indiquer qu'Asloum est toujours bankable, non ?) : la sexy Clara Morgane, dans une tenue sage (contrairement aux clips de son nouvel album !), a brandi le poing au côté de l'ancien mouche, tandis que Gérard Darmon, Enrico Macias ou encore Jean-Marie Bigard s'installaient au premier rang, en toute bonne humeur. Ambiance bon enfant dans les travées, mais duels de costauds au couteau sur le ring.
L'occasion pour Brahim Asloum de se confier en interview, quelques semaines après avoir franchi un cap décisif dans sa carrière : "J'ai arrêté la boxe après avoir mûrement réfléchi sur ma situation de l'époque. Il était de plus en plus compliqué d'organiser les combats et je ne pouvais pas continuer comme ça. Je n'ai jamais été de ceux qui se raccrochent aux branches alors, sans vouloir faire de mauvais jeu de mots, j'ai préféré raccrocher les gants. J'ai pris le temps de la réflexion, de planter le décor pour savoir ce que je voulais et surtout, ce que je pouvais faire. J'ai repris des études en master d'économie et droit du sport. Très vite, j'ai entendu parler d'une réforme mondiale de la boxe amateur par le biais d'un professeur qui me donnait des cours à la Sorbonne. Ça m'a tout de suite intéressé et j'ai contacté la World Series of Boxing (WSB) pour solliciter une licence pour la France. D'autres pays étaient bien mieux positionnés mais je pense que mon titre de Champion olympique et mon comportement tout au long de ma carrière ont contribué à cette décision de m'accorder la franchise." Et de s'enorgueillir : "avec Paris United, nous sommes actuellement premiers du classement européen et nos athlètes sont classés parmi les cinq premiers mondiaux de chaque catégorie !"
Le champion, qui a été épaulé par son cher Louis Acariès ("en dehors d'avoir été mon coach et mon ami, il est mon mentor, mon père spirituel ; comme un papa pour moi", souligne Asloum) dans cette entreprise ambitieuse, martèle qu'il ne cultive pas les regrets mais vit dans la projection, fonctionne en se fixant des objectifs : "C'est vrai que je me suis demandé si ça valait vraiment le coup de me lancer dans pareille aventure. Il s'agissait en effet d'un investissement financier assez conséquent (215 000 euros pour commencer, ndlr), mais très rapidement ma décision a été prise. C'était comme un devoir pour moi d'amener cette compétition en France et l'enjeu m'excitait. Ce nouveau système gomme tous les mauvais aspects de la boxe professionnelle en ne gardant que le meilleur du monde amateur. C'était une façon de rendre à la boxe tout ce qu'elle m'a donné."
Manifestement, il a appris de son parcours passé à ne pas courir plusieurs lièvres à la fois : "Je ne suis bon que lorsque je suis concentré sur une seule chose, ce qui implique en effet quelques sacrifices. L'expression veut qu'on ne puisse pas avoir le beurre, l'argent du beurre et le sourire de la crémière. Alors il y a bien quelques sourires que j'ai laissés passer." Et à propos de sourire, celui de l'amour, par exemple, serait le bienvenu... mais il y a peu de place pour lui en ce moment, avec la mission que Brahim s'est fixée en priorité. Mais "maintenant, attention : si le grand amour me tombait dessus, je serais le plus heureux des hommes ! C'est juste que ce n'est pas forcément le bon moment. Je n'ai que 31 ans et encore beaucoup de combats à livrer", souligne l'intéressé.
31 ans, bientôt 32, en fait (le 31 janvier 2011). Le cadeau rêvé ? La consécration de son nouveau combat, "en tant qu'homme" : "Sincèrement, j'aimerais que tous les amis qui m'accompagnent et me soutiennent soient récompensés par une victoire de mon équipe et la réussite de mon entreprise. Le mot " merci " n'est pas suffisant pour leur dire à quel point je leur suis reconnaissant de l'aide qu'ils m'apportent, chacun dans leur domaine. C'est quand même nouveau pour moi tout ça, j'ai encore beaucoup de choses à apprendre car en dehors de l'aspect sportif, il y a une gestion très lourde à assurer et à assumer. Je suis responsable de mes athlètes et de mon public : c'est un nouveau combat que je dois gagner en tant qu'homme."