Quand une icône parle à une autre icône du cinéma français, c'est forcément émouvant. Deux grandes carrières, deux figures féminines, deux monuments du 7e Art. Le 31 juillet 2017, Jeanne Moreau nous a quittés. Parmi les nombreuses réactions, de Marion Cotillard à Bébel, il y a eu celle de Brigitte Bardot. "Jeanne Moreau a été emportée trop tôt par le tourbillon de la vie", avait écrit sobrement l'héroïne du Mépris sur Twitter.
Dans Paris Match, BB va plus loin, livrant un véritable hommage à celle qui fut sa rivale de cinéma et avec qui elle partagea toutefois l'affiche de Viva Maria (de Louis Malle) en 1965. "Je la trouvais pire que belle, dangereuse. Je comprenais que les hommes en soient fous. Nous étions deux fauves, mais complémentaires, croit savoir Bardot. Jusqu'au jour où maman Olga, mon agent de l'époque, est arrivée au Mexique, avec une pile de journaux. Jeanne faisait la une partout ! En français, en allemand, en anglais, en italien, même en japonais. Ce jour-là, j'ai pris la rage. Fini, la nonchalance, la paresse, les refus de photos... J'ai ouvert mes portes et je me suis livrée, insolente, sous tous les angles. J'ai sorti ma guitare, j'ai dansé pieds nus sous les objectifs, j'ai chanté. Les photographes étaient aux anges."
Amies et rivales, Bardot et Moreau sortiront néanmoins grandies de cette relation fratricide. Jamais elles ne se détesteront. "Aujourd'hui, je garde dans mon coeur le souvenir d'une immense actrice, d'une femme brillante et intelligente. Je ne l'oublierai jamais. Elle a fait partie de ma vie comme de nos vies", témoigne Brigitte Bardot, pas du tout rancunière face à ce passé parfois tumultueux.
"Simple mais sophistiquée, chaleureuse mais dure, séduisante mais redoutable", voilà comment Bardot définit élégamment sa consoeur. "Nous n'étions pas amies dans le joli sens du mot, nous étions complices. J'insiste : complices comme deux soeurs peuvent l'être", préfère dire Brigitte Bardot. Et de rajouter : "Elle était ce que je n'étais pas et j'étais ce qu'elle n'était pas."