Depuis sept mois qu'Emmanuel Macron occupe la présidence de la République, Brigitte Macron n'a pas tergiversé et vite trouvé sa place. Cet été, une charte de la première dame est venue définir ses missions. Le Monde se penche sur ses chantiers et son organisation... Une affaire qui roule.
Ce portrait signé Solenn de Royer pour Le Monde débute par la description d'un rituel. Celui qui occupe chaque fin de journée Brigitte Macron et ses deux collaborateurs, Pierre-Olivier Tosca, qui dirige son cabinet, et Tristan Bromet : la première dame toque à leur bureau et les entraîne hors du palais pour une promenade au pas de course dans les rues de Paris. C'est à l'air frais que le trio débriefe de la journée écoulée, parfois même en compagnie de Nemo, le chien du couple présidentiel. Le secret, c'est de marcher vite pour éviter d'être trop sollicitée. "Brigitte a un besoin vital de ne pas rester enfermée au palais, elle veut rester connectée au réel", affirme Pierre-Olivier Tosca.
Le Monde enchaîne sur les chantiers de la première dame : transformer l'Élysée, sensibiliser au harcèlement à l'école et enfin s'emparer de la question du handicap. Concernant le Palais, on le sait, Brigitte Macron a fait retirer les lourdes tentures qui obscurcissaient les lieux. Emmanuel Macron a demandé la restauration des portraits du général de Gaulle, de Georges Pompidou et de François Mitterrand. La première dame s'est rendue au Mobilier national, au Centre national d'art plastique et au Fond national d'art contemporain pour revoir la décoration. En janvier, les Macron rencontreront les directeurs de plusieurs musées parisiens pour discuter de la manière dont le palais pourrait bénéficier de leurs collections. Le tout étant de redonner vie aux lieux par la culture. D'où l'organisation une fois par mois des "jeudi de l'Élysée" autour d'un musicien. Lorsque le couple a fait venir le grand violoniste Renaud Capuçon (époux de Laurence Ferrari) pour jouer avec la garde républicaine, 200 invités étaient présents : "pupilles de la nation, élèves de zep, personnels hospitaliers et personnels de l'Élysée", écrit Le Monde.
Brigitte a un besoin vital de ne pas rester enfermée au palais, elle veut rester connectée au réel
Le Monde note que la plupart des déplacements de la première dame se font, par choix de discrétion et d'efficacité, sans caméra comme lorsqu'elle s'est rendue en décembre dans un centre de femmes victimes de violences ou au service des soins palliatifs pour enfants de l'hôpital Necker. Très attentive à tout le courrier qu'elle reçoit, elle s'attache plus particulièrement aux cas des "oubliés", aux petits dysfonctionnements qui peuvent paraître anecdotiques mais en disent long sur la société. Son chef de cabinet, Tristan Bromet, résume au Monde "Son fil conducteur, c'est le handicap et les accidents de la vie et la difficile intégration à la société qui en résulte". En aucun cas elle ne veut empiéter sur les causes nationales qui restent attribuées à son mari et/ou au gouvernement.
Brigitte Macron fait également un "sans-faute" à l'international : elle se rendra bientôt en Chine, au Sénégal, en Inde et sans doute au Japon d'ici au printemps. Notre consoeur rappelle ce qui lui avait dit Jim Yong Kim, le patron de la Banque mondiale : "Vous êtes l'une des rares femmes connues dans le monde entier à pouvoir délivrer un message, nous allons avoir besoin de vous." Et à l'international, justement, notre première dame s'est emparée de la cause de l'éducation des filles.
Au coeur de ces responsabilités, Brigitte Macron fait tout pour maintenir une vie à deux avec le président. Si chaque sortie culturelle est un casse-tête (en décembre, le couple est allé voir Le Sens de la fête avec Jean-Pierre Bacri), leur choix de vivre à l'Élysée est aussi motivé par le plaisir de pouvoir se croiser, dans la journée, entre deux rendez-vous. A-t-elle pour autant une influence sur la politique d'Emmanuel Macron ? Les observateurs politiques pourraient en débattre pendant des heures. Une chose est certaine, elle demeure son interlocutrice privilégiée. Comme le résume parfaitement un proche du couple : "Tout le monde est convaincu que c'est un atout pour Emmanuel. Elle lui apporte un regard sans filtre, une liberté de ton totale. Elle participe de son équilibre mais aussi de sa réussite. Surtout, les Français l'ont très vite adoptée."
Le Monde, édition du 3 janvier 2018.