Peut-il y avoir plus sensationnelle consécration que d'avoir été le génie originel du rock n'roll et de le demeurer pour le reste des temps ? Gageons que non. Charles Holley, sous le nom de Buddy Holly, a déjà un deal avec la légende. Mais celle-ci vient de s'enrichir d'un nouveau chapitre, avec le dévoilement d'une étoile à la gloire du pionnier du rock sur le Walk of Fame de Hollywood Boulevard, mercredi 7 septembre. La preuve que, malgré une carrière supersonique de rien que deux années abrégée par un crash d'avion le 3 février 1959 (date connue comme "the day the music died", selon la chanson hommage American Pie signée Don McLean, allusion au fait que Ritchie Valens et JP "The Big Bopper" Richardson périrent dans l'accident), Buddy Holly continue de briller tel la bonne étoile de l'histoire de la musique moderne. Une influence essentielle, inversement proportionnelle au temps qu'il passa sur le devant de la scène musicale.
Intronisé au Rock and Roll of Fame en 1986, dès la première livraison de dieux au panthéon américain de la musique, Buddy Holly a désormais son empreinte à Hollywood. 52 ans après sa mort tragique à l'âge de 23 ans, quelques proches le représentaient pour célébrer ces lauriers posthumes, décernés le jour où il aurait eu 75 ans.
Sa veuve, Maria Elena Holly, qui n'apparaît que rarement lors d'événements publics, mais s'est montrée radieuse et véritablement honorée lors de la cérémonie de dévoilement de l'étoile. Le couple s'était rencontré quelques mois avant la mort accidentelle de Buddy Holly, en juin 1958. Celle qui s'appelait alors Maria Elena Santiago travaillait comme réceptionniste pour un cadre de la maison de disques Peer-Southern Music. Après un premier déjeuner, il l'invita à dîner le soir même chez P. J. Clarke... et la demanda en mariage. Leur union fut célébrée moins de deux mois après ce coup de foudre, le 15 août 1958, à Lubbock, puis ils partirent en lune de miel à Acapulco. 50 ans plus tard, pour un journal local, Maria Elena se remémorait cette période heureuse : "Je n'avais jamais eu de petit copain de toute ma vie. Jamais eu de rendez-vous. Quand j'ai vu Buddy, ça a été de la magie. Le coup de foudre..."
Un demi-siècle après avoir accompagné, faisant office de superintendante (de la lessive aux paiements), Budy Holly et ses musiciens, Maria Elena était notamment entourée de Gary Busey, fameuse "tronche" du cinéma hollywoodien, qui avait reçu une nomination à l'Oscar du meilleur acteur pour avoir incarné Buddy Holly dans le biopic The Buddy Holly Story, malgré un accueil plus que controversé, puristes et entourage de la légende reprochant de nombreuses inexactitudes. Sir Paul McCartney avait d'ailleurs réagi en produisant son propre documentaire, titré The Real Buddy Holly Story, en 1985.
Les vieilles dissensions n'avaient pas leur place, mais les lunettes hommage si, hier, sur Hollywood Boulevard, devant le bâtiment de Capitol Records. En témoignent les sourires francs du chanteur Phil Everly et du producteur Peter Asher, également présents pour cet hommage à un artiste dont tous les grands encore vivants se réclament : qu'il s'agisse de Bob Dylan, qui assista, alors âgé de 17 ans, à un concert de Buddy Holly deux jours avant sa mort et s'extasiait encore en 1998 sur la scène des Grammy Awards du fait que la star l'avait regardé, de Keith Richards, un des tous meilleurs guitaristes de tous les temps, dont les Stones reprirent avec bonheur Not Fade Away, pour qui Buddy a une influence "sur tout le monde", de Bruce Springsteen, affirmant "jouer du Buddy Holly tous les soirs, histoire de rester honnête", ou encore Elton John, qui s'est d'abord mis à porter des lunettes en référence à son idole.