Cali n'est pas calmé, mais il se soigne. L'écorché vif catalan présentera dans quelques jours, le 26 novembre, son cinquième album (sur le nouveau label Wagram Music - Alva), dont on connaît enfin le titre, plus consensuel que son exubérant prédécesseur - La vie est une truite arc-en-ciel qui nage dans mon coeur. Ce sera Vernet-les-Bains, du nom de cette bourgade des Pyrénées-Orientales nichée au pied du Pic du Canigou où il est né il y a 44 ans et où se déroule sa vie. Tout un symbole.
Après les soubresauts et les égarements poétiques de La vie est une truite arc-en-ciel qui nage dans mon coeur, formule à l'époque empruntée à un copain pêcheur pris d'une bouffée de lyrisme, Vernet-les-Bains atteste dès son titre d'un double renouveau : retour aux racines, à l'intimité, à l'identité, à l'identité, pour Bruno Caliciuri, alias Cali, et retour aux sources, à la simplicité de l'émotion brute et déshabillée, débarrassée de tout decorum, pour son art de la chanson.
Chemin faisant vers ce nouvel album, Cali dévoilait à la rentrée deux morceaux brillants d'intimité et de délicatesse, servis par des clips ultrasobres réalisés en session acoustique par Zack Spiger : Mes vieux cinglés, vision paisiblement déchirante d'une enfance bouleversée, et Une femme se repose, portrait touchant et sans débordement d'une figure féminine vieillissante, cernée par plein de choses et le poids du passé. Deux chansons très écrites qui semblaient déjà indiquer que Vernet-les-Bains est appelé à nager dans le sillage de L'amour parfait, premier album de Cali, sorti en 2003.
Autre gage de cette filiation : L'amour est éternel, un premier single de Vernet-les-Bains dont le titre fait sans inhibition écho à L'amour parfait. La formule, dépouillée, est la même. La voix, éraillée, aussi. Pure chanson d'amour (évidemment) qui s'ébat entre C'est quand le bonheur et I Will Survive, L'amour est éternel cache derrière son présent de vérité générale une autre vérité, celle de l'artiste, celle du cas particulier qu'est tout amour, "éternel jusqu'à ce qu'il s'arrête" - l'amère antinomie qui dicte à Cali ce texte plein d'effusion. Bientôt dix ans après L'Amour parfait et son désir d'avenir ("Non, ne pas partir sans avoir connu l'amour parfait. (...) Et j'attends"), L'amour est éternel s'inscrit contre toute attente lui aussi dans une expérience temporelle, mais cette fois au passé, temps de la nostalgie ("Je me souviens de l'heure où l'on s'est embrassé"), et des premières amours qui ne s'effacent pas ("J'étais timide, tu étais la plus belle du lycée"). Et tandis que Cali égrenne, avec un art du storytelling vivant, ces petits moments d'éternité, des couples hauts en couleur défilent à l'écran dans le clip,dévoilé en exclusivité sur le site du Parisien. Tournée en Arizona, aux Etats-Unis, la vidéo livre notamment une compilation de baisers et de photos au charme atemporel.