Le Festival de Cannes 2013 a refermé ses portes dimanche 26 mai sur le triomphe d'Abdellatif Kechiche et La Vie d'Adèle. Et l'on ne devrait pas oublier de sitôt, le petit numéro de la sulfureuse Asia Argento.
Le jury s'est réuni une dernière fois autour de la maîtresse de cérémonie Audrey Tautou pour désigner ses coups de coeur. Sur scène, se sont succédé des acteurs, des cinéastes, des artistes pour remettre les onze prix que comptent le palmarès, ainsi que la palme du court métrage et la Caméra d'or : Orlando Bloom et Forest Whitaker, dont le film Zulu de Jérôme Salle faisait la clôture, l'attachante Agnès Varda, la pétillante Rossy de Palma, la sublime Uma Thurman pour la Palme d'or. La cérémonie se déroule de la même manière depuis des années ; une mécanique digne d'un coucou suisse, auquel un oiseau italien a apporté... une touche de péché.
Après les sacres de Bruce Dern et Bérénice Bejo, prix d'interprétation masculine et féminine pour Nebraska et Le Passé, Audrey Tautou, superbe bonbon rose et rouge, annonce l'invitée suivante : "Pour remettre le prix du scénario, j'invite une cinéaste, une actrice intrépide et libre, une Italienne : Asia Argento." La fille du réalisateur culte Dario Argento, dont les films en tant que réalisatrice - Scarlet Diva et Le Livre de Jérémie - ont secoué le public à leur sortie, arrive sur scène dans un déshabillé gris perle signé Ermanno Scervino, collection Automne-Hiver 2013-14. À cette tenue ultrasexy s'ajoute le petit numéro d'hypnose auquel se prête Asia. Au pupitre, la belle Italienne de 37 ans joue la carte de l'actrice habitée, la voix extrêmement chaude, envoûtante : "Le président du jury regrette que les gens aient oublié comment raconter une histoire. Aujourd'hui les histoires n'ont plus ni début ni fin et sont plutôt un début qui n'en finit pas de commencer. Parions que celui qui va me rejoindre ce soir aura su raconter une histoire captivante du début à la fin. Une histoire dont on ne sort pas indemne." Quelques rires se lèvent dans la salle, Asia sourit à son tour, fière de son effet : "C'est ça qu'on attend d'un scénario." L'actrice parvient, en enfonçant une splendide porte ouverte, à subjuguer la salle Louis-Lumière du Palais des festivals. Steven Spielberg remet alors le prix du scénario au Chinois Jia Zhang Ke pour son film A Touch of Sin (Tian Zhu Ding)... Une touche de péché, en français. Il arrive très discrètement derrière l'actrice italienne qui sursaute alors.
Avant ce petit numéro, Asia Argento s'était offert une montée des marches remarquée. Très glamour dans sa nuisette couture, l'actrice est arrivée à pied jusqu'au Palais, signant sur le chemin des autographes et souriant aux badauds. Sur les marches en revanche, sans doute contrariée par quelqu'un ou quelque chose, Asia a gratifié la foule d'un formidable doigt d'honneur.
Asia Argento est une habituée du Festival de Cannes. L'année dernière, elle y présentait le Dracula réalisé par son père. On l'a également vue pour Boarding Gate d'Olivier Assayas, Go Go Tales d'Abel Ferrara, Une vieille maîtresse de Catherine Breillat, Marie-Antoinette de Sofia Coppola ou Last Days de Gus Van Sant. En 2009, elle était choisie pour faire partie du jury de la sélection officielle, année de la présidence d'Isabelle Huppert. Il s'est alors dit beaucoup de choses de leur supposée mésentente, mais l'une comme l'autre ont nié s'être pris le bec durant le Festival.