On ne va pas vous le cacher. Depuis le début du Festival de Cannes 2016, hormis le très particulier Toni Erdmann, aucun film n'est vraiment sorti du lot. Jeff Nichols, qui entre en compétition avec son nouveau long métrage, Loving, va peut-être changer la donne.
Loving, c'est l'histoire vraie de Mildred et Richard Loving. Ils s'aiment et décident de se marier. Rien de plus naturel – sauf qu'il est blanc et qu'elle est noire dans l'Amérique ségrégationniste de 1958. La Virginie où ils ont décidé de s'installer les poursuit en justice : le couple est condamné à une peine de prison, avec suspension de la sentence à condition qu'il quitte l'État. Considérant qu'il s'agit d'une violation de leurs droits civiques, Richard et Mildred portent leur affaire devant les tribunaux. Ils iront jusqu'à la Cour suprême qui, en 1967, casse la décision de la Virginie. Désormais, l'arrêt "Loving v. Virginia" symbolise le droit de s'aimer pour tous, sans aucune distinction d'origine.
Réalisateur des très réussis Take Shelter, Mud et plus récemment de Midnight Special, Jeff Nichols était on peut plus attendu. Aux côtés de ses acteurs, les brillants Joel Edgerton et Ruth Negga, le réalisateur américain s'est prêté ce matin à l'exercice du photocall avant la montée des marches, ce soir. Pendant ce temps-là, la presse sortait du Grand Théâtre Lumière, où Loving a très applaudi.
De ce film, plus classique sur le fond comme sur la forme que ce qu'il fait d'ordinaire, il ressort une fort belle histoire d'amour d'une sobriété et d'une humilité bouleversantes, avec toute la justesse dont Nichols fait preuve pour la sublimer. Explorant à nouveau le thème de la famille, cette fois-ci bien ancré dans un fait historique, Jeff Nichols offre à Joel Edgerton son plus beau rôle de composition et propulse la révélation Ruth Negga sous le feu des projecteurs. Déjà espéré dans la course au palmarès, Loving se place aussi pour la saison des récompenses et les Oscars 2017.
Christopher Ramoné