Avec la cérémonie américaine des Oscars, le Festival de Cannes figure comme l'évènement cinéma le plus prestigieux du monde. Sublime écrin glamour pour ses stars, il est aussi et surtout un coup de projecteur énorme pour les récompensés. Tout au long de son histoire, il a ainsi cumulé les moments marquants.
En 1993, le Festival de Cannes marque ainsi l'Histoire en décernant, enfin diront les mauvaises langues, sa première Palme d'or à une femme pour un long-métrage. C'est la réalisatrice Jane Campion qui remporte le trophée pour le film culte La leçon de piano ; on notera toutefois qu'elle partage le prix avec Adieu ma concubine de Chen Kaige, arrivé ex aequo... Elle avait déjà remporté une Palme à Cannes en 1986, mais dans la catégorie court-métrage. "Être la première femme distinguée a changé beaucoup de choses", dira-t-elle par la suite. Sa joie est malheureusement de courte durée puisque, un mois plus tard, elle perd son fils âgé de seulement 10 jours à la suite de complications.
Gros saut dans le temps, en 2016, lorsque le film The Neon Demon du réalisateur Nicolas Winding Refn reçoit une standing ovation incroyable de 17 minutes entre deux huées ! Une des plus longues jamais vécues sur la Croisette. Le long-métrage, qui divise le public et les critiques, repart toutefois bredouille de cette édition cannoise. D'ailleurs, une bagarre éclatera même entre deux critiques lors de sa présentation au festival.
L'année suivante, en 2017, c'est au tour du film Okja de faire polémique. Estampillé Netflix, lorsque le film est projeté, des sifflets se font entendre dans l'auditorium. La plateforme de streaming n'est pas la bienvenue dans le coeur des festivaliers qui regrettent que la firme américaine refuse de sortir dans les salles de cinéma le long-métrage afin de le réserver en priorité à ses abonnés. La projection sera aussi interrompue pendant dix minutes en raison d'un problème technique, le film ayant été diffusé dans un mauvais ratio d'image.
En 2019, le Festival de Cannes est marqué par le triomphe du film Parasite. L'excellent drame sud-coréen de Bong Joon-Ho reçoit la Palme d'or à l'unanimité du jury et, quelques mois plus tard, il remporte également l'Oscar du meilleur film. Il est le deuxième long-métrage de l'Histoire du festival à réussir ce doublé après Marty, en 1955. En 1946, le film Le Poison avait plus ou moins fait le même exploit mais, à l'époque, la Palme d'or s'appelait alors Grand Prix du Festival International du Film. Sa nouvelle appellation date de... 1955 !
Enfin, en 2021, le Festival de Cannes fait de nouveau parler de lui en offrant sa Palme d'or à une femme, pour la deuxième fois seulement depuis sa création. Et c'est la Française Julia Ducournau qui en reçoit l'honneur avec son film ultra clivant, Titane. Lors de sa projection, des spectateurs ont même fait un malaise dans la salle... A noter que le président du jury cette année-là, Spike Lee, s'était un peu emmêlé les pinceaux et avait annoncé la grande gagnante dès le début de la cérémonie de clôture, mettant un peu fin au suspens...