Carla Bruni-Sarkozy n'a jamais caché, en se frottant à la politique au côté de son époux Nicolas Sarkozy, qu'elle trouvait ce milieu encore plus dur que celui du show-business. De l'Élysée, elle garde un souvenir contrasté. Son rapport aux médias a changé. C'est justement ce rapport qu'analyse Philippe Labi dans son livre, dont Gala publie des extraits exclusifs. Nos confrères écrivent : "Dans son livre Vie privée, vie publique, un voyeurisme d'Etat [aux éditions first, le 27 août 2015, NDLR], il décrypte, grâce à de nombreux témoignages, la part de mise en scène, de connivence, de responsabilité et d'instrumentalisation des médias" par les politiques. Parmi ces témoignages, celui, précieux, de Carla.
Si Jacques Chirac était silencieux sur tout ce qui touchait à sa vie privée, Nicolas Sarkozy jouait le jeu de la transparence. Pour Philippe Labi, il a ouvert une brèche. Il y a eu d'abord son divorce d'avec Cécilia Attias, puis sa rencontre avec Carla racontée par Jacques Séguéla, organisateur du dîner qui les a réunis. Enfin, ces photos montrant le jeune couple main dans la main à Disneyland Paris. C'est arrivé sans préméditation, dit l'intéressée dans le livre : "J'avais envie d'amener mon fils et son ami Pierre à Disneyland. (...) Se planquer avec lui [Nicolas Sarkozy], c'est difficile. Donc nous y sommes allés et nous avons laissé faire. Sans nous cacher, mais sans calculer. (...) C'était simplement une manière spontanée, bien que maladroite, de ne pas cacher cette rencontre."
La chanteuse prend des précautions : elle ne s'affiche pas à l'Élysée avant son mariage en février 2008, une union qui assoit sa légitimité au côté du président. Mais elle reconnaît avoir été imprudente lors de leur voyage à Petra. Aurélien, le fils de Carla Bruni et Raphaël Enthoven, est du voyage, sur les épaules de Nicolas Sarkozy pendant que les flashs crépitent. "Je n'avais pas prévu, bien naïvement, l'effervescence médiatique sur place. C'était stupide et inadapté pour mon fils." Dès lors, le jeune homme, aujourd'hui âgé de 14 ans, est ultraprotégé par sa mère, pour ne pas dire caché. Pour Carla, exposer ses enfants dans la presse n'est pas un problème moral mais une imprudence : "Ils peuvent se faire enlever ou persécuter à votre place."
Célèbre depuis ses jeunes années de mannequin, Carla Bruni a développé une méfiance envers les médias qui s'est renforcée quand elle est entrée dans la vie de Nicolas Sarkozy et s'est sans doute ancrée, plus encore, durant la campagne 2012, qu'elle a trouvée violente. Dans le livre de Philippe Labi, elle parle des mensonges et des calomnies pratiqués sans scrupule par la presse dite sérieuse, si bien qu'elle lui préfère la presse féminine et people : "Elle publie des photos volées ou consenties. Ces photos montrent et "parlent" en quelque sorte. Je ne suis pas forcément d'accord avec tout ce qui est dévoilé mais c'est plus simple, c'est de l'image et non de la propagande politique."
Elle était dévastée. Aucune femme n'aurait tenu le choc.
Se retrouver propulsée devant les projecteurs lorsque votre compagnon est élu président, Valérie Trierweiler connaît. Pour Carla Bruni, elle n'était sans doute pas préparée à "ces vagues incessantes de médisances et de diffamations". Invitée dans l'émission Un soir à la Tour Eiffel en octobre 2014, l'épouse de Nicolas Sarkozy avait déjà fait preuve de compassion envers l'ex-compagne de François Hollande, qui venait de publier Merci pour ce moment. Carla en parle de nouveau dans l'ouvrage de Philippe Labi : "Ce livre m'a semblé une mise au point. Il répond d'abord à une humiliation." Puis elle en vient à l'Élysée : "Ce n'est pas un endroit où l'on peut aller sans amour. Voilà, à mon sens, ce que raconte son livre. Et quand, en prime, cette histoire est arrivée, elle a craqué. Elle a été dévastée. Aucune femme n'aurait tenu le choc."
Depuis le retour sur le devant de la scène politique de Nicolas Sarkozy, Carla Bruni-Sarkozy est à ses côtés. Elle le suivra jusqu'à l'Élysée, s'il y parvient, sans le moindre doute. Cet été, le couple s'est offert des vacances : d'abord dans la résidence des Bruni-Tedeschi au Cap-Nègre (où l'ancien président s'est aménagé un bureau et profite des environs pour faire beaucoup de vélo), puis une escapade en Corse avec Aurélien et leur petite Giulia. Ils se sont depuis envolés pour le Brésil ; Carla donnait un concert le 23 août à Porte Alegre.
Vie privée, vie publique, un voyeurisme d'état de Philippe Labi, aux éditions first, le 27 août 2015.