Un César ? Non, merci.
- En 1984, Coluche est récompensé pour sa prestation dans Tchao Pantin, la première pour l'humoriste dans un film dramatique. Dans son discours, il déclare : "Je me croyais franchement à l'abri d'un César, vu que je faisais du cinéma qu'on ne recompense pas mais qui fait des entrées quand même." Petite pique lancée à l'académie qui a mis du temps à valoriser le genre comique aux César.
- Anémone a réussi en 1988 à déconcerter le public des César avec un discours un peu fou. L'actrice, récompensée pour Le Grand Chemin, est arrivée avec un costume de révolutionnaire en courant, elle n'a remercié personne et a juste clamé un "Richard Anconina je t'aime", laissant la récompense sur scène.
- Dany Boon, le roi du box-office avec les Ch'tis, avait instamment réclamé en 2009 que soit créé un César de la meilleure comédie, pour honorer un long métrage ayant réalisé un grand nombre d'entrée en salles. L'Académie des César a tranché, un tel prix n'existera pas. Dany aurait souhaité que le choix du public soit représenté aux César, un vote par Internet aurait pu être organisé mais le Ch'ti se range à ce refus et termine par une phrase sans colère mais quelque peu amère : "Ça ne va pas se faire, ça reste comme ça, c'est pas très grave, franchement, tant pis", déclare-t-il à Europe 1. Fair play, il viendra quand même dans un beau pantalon orange à la cérémonie pour faire un speech.
- Mathieu Kassovitz vit mal la quasi-non-nomination aux César 2012 de sa réalisation, L'Ordre et la Morale, projet qu'il a porté durant une dizaine d'années mais boudé par le public (150 000 entrées) et oublié de celle qu'on appelle communément la famille du cinéma. Se sentant mis à l'écart, Mathieu Kassovitz a foncé tête baissée en lançant de mémorables et désormais cultes "j'enc*** le cinéma français" sur son compte Twitter. Lui aussi en 2012 viendra sur la scène des César pour remettre le César de la meilleure photographie et rire au nez et à la barde de ladite famille du cinéma.
- Dans le quotidien belge Le Soir, Jean-Louis Trintignant - qui aura son prix pour Amour de Michael Haneke - évoque en 2013 les cérémonies de remises de prix et affirme ne pas être intéressé par ces trophées... "Je ne suis pas une bête à récompenses. Je trouve qu'il y a trop de prix en général, explique-t-il dans cet entretien. Cela dit, personnellement, qu'est-ce que je m'en fiche César ou pas. J'ai 82 ans et je n'ai pas du tout d'ambition personnelle. Je n'ai jamais fait ce métier avec une idée de plan de carrière ou de réussite. Mon métier c'est de faire des films, d'être sur scène. Juste pour le plaisir."
Les Oscars, I don't care
- Pour son rôle dans Le Parrain, Marlon Brando reçoit un nouvel Oscar du meilleur acteur en 1973, qu'il refuse pour protester contre la manière dont le cinéma américain traite les Indiens d'Amérique dans ses films. À sa place, c'est Sacheen Littlefeather, l'activiste pour la défense des droits civiques des Amérindiens, en costume traditionnel Apache, qui vient sur scène.
- Connu pour être insaisissable et impulsif, Joaquin Phoenix, dont la prestation dans The Master lui a valu une nomination aux Oscars 2013, n'a que faire des cérémonies et des prix : "Je pense que c'est purement et simplement de la merde et je ne veux pas en faire partie, a-t-il déclaré au magazine Interview. C'est une carotte, mais la pire carotte que j'ai jamais goûtée de toute ma vie. Je n'en veux pas. C'est complètement subjectif. Monter les gens les uns contre les autres... C'est la chose la plus stupide au monde." Il reviendra sur ses paroles plus tard, dans le Sydney Morning Herald : "Je réagissais à la vénération que nous donnons à ces choses-là. Je ne veux pas les vénérer. Mais je sais qu'avant toute chose, je n'aurais pas eu la carrière que j'ai eue sans les Oscars", admet-il en faisant référence à sa nomination à l'Oscar du Meilleur second rôle masculin reçue pour Gladiator (2000) puis pour Walk the Line (2006).
- Nommée pour l'Oscar de la meilleure actrice en 2013 pour Amour, Emmanuelle Riva n'attache pas beaucoup d'importance à cette récompense américaine. À BFMTV, elle a ainsi déclaré : "Il n'y a pas besoin de ramener un Oscar. [...] Qu'est ce que ça rapporte ? [...] Je n'ai pas besoin de ramener une statue, que je ne peux même pas porter. [...] Elle est pas belle, cette statue. Non, elle est pas belle du tout..." Elle ajoutera : "Là-bas, tout se fait parce qu'ils font des campagnes fortes, comme des campagnes électorales. Et j'en ai appris de bien bonnes là-dessus. Il y avait beaucoup de choses joyeuses, mais beaucoup de choses très très difficiles. Ça devient une torture quand on vous interroge à ce point, tout le temps, tout le temps, tout le temps." Son partenaire dans Amour, Jean-Louis Trintignant et elle sont ainsi sur la même longueur d'onde.
- Michael Fassbender, nommé cette année comme meilleur second rôle pour 12 Years a Slave, non plus ne veut pas faire campagne pour les Oscars, comme il l'explique dans GQ : "Tout le monde doit faire son travail. Et on essaie du mieux possible. Mais je ne vais pas me remettre dans cette situation de campagne [il l'avait fait pour Shame, et n'avait pas été nommé au final]. Je ne suis pas un politicien. Je suis un acteur."
On finira sur les sages paroles d'Adèle Exarchopoulos, assurée d'avoir le César du meilleur espoir féminin pour La Vie d'Adèle, même si beaucoup l'auraient mieux vu dans la catégorie meilleure actrice. "Je ne m'en fous pas [des César], et d'ailleurs je pense que personne s'en fout même ceux qui font semblant, et même si, comme nous, on a déjà eu pas mal de prix avant et que c'est déjà énorme. Après, c'est pas du tout une obsession, je ne fais pas ça pour ça." (Magazine Première)