En ce milieu d'année 2011, on parle beaucoup de CharlElie Couture - le chanteur. A 55 ans, il fait l'actualité avec un véritable come-back discographique militant, une vraie profession de foi : avec Fort Rêveur, son premier album en cinq ans, il entend remettre - sans renier pour autant les possibilités d'Internet - l'objet disque au coeur de l'appétance culturelle et non seulement de la consommation de biens culturels.
Mais CharlElie l'artiste graphique, diplômé de l'Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts, fait lui aussi jaser. Et pas seulement pour Fort Rêveur, présenté en conditionnement original (format 33 tours incluant photos, affiche...) luttant contre la standardisation de l'album physique. Peintre, dessinateur, photographe crédité de nombreuses réalisations et expositions, il signait en 1983 le logo institutionnel de la région Lorraine, sa région, lui le natif de Nancy. C'était bien avant que le grand public savoure, au cours de la dernière décennie, ses diverses contributions au tennis (pour Roland-Garros, pour la Coupe Davis et, plus généralement, pour la FFT), lui qu'on retrouvait en 2011 au Trophée des Personnalités de Framboise Holtz, mais juste après sa révélation marquante avec l'album Poèmes rock et la fondation à Nancy du mouvement Art rock "Local à Louer".
Or, ce fameux logo, réinvention des armoiries quasi-millénaires de la Lorraine, la région souhaitait lui faire vivre un léger lifting. Et le lifting a été... très, très léger. La facture, moins. 80 000 euros, c'est la somme qui a été demandée aux collectivités "pour une modification graphique à peine perceptible", indique aujourd'hui le quotidien Le Parisien/Aujourd'hui en France. Si le socialistes étaient tout de même favorables à ce coûteux projet, l'idée a été retoquée.
Une anecdote qui ne devrait pas détourner CharlElie Couture de ses activités créatrices et de ses positions fortes. Après six années d'exil volontaire à New York pour se ressourcer, se réinventer, l'artiste multiple et accompli, qui a beaucoup exposé aussi à Big Apple (où il tient une galerie), est réapparu brièvement en France pour défendre Fort Rêveur, qu'il emmène en tournée en 2011-2012. A l'occasion de sa captivante Rolling Chat Session pour le magazine Rolling Stone en début d'année, il évoquait cette reconstruction : "Mon New York c'est Manhattan où je vis. Ensuite, il faut y distinguer les différents quartiers qui sont totalement différents et où convergent espoirs et illusions. Pour moi, c'est cela, New York : la ville de toutes les illusions. Croire que tout est possible c'est quand même vachement excitant. Le quartier où j'ai élu domicile, c'est le Garment District (...) Quand je suis parti il y a 6 ans, j'avais envie de me reconstruire, mieux reconstituer les morceaux. New York m'y a aidé, en me permettant de revisiter des parties de moi même. Et cela m'a confirmé que ce que je fais dans la peinture, je ne pourrais pas le faire dans la chanson et vice-versa. L'inspiration est au centre du cerveau et les savoir faire sont dans la périphérie. Il n'y a pas de rapport entre la création et la technique. Je me sens plus artiste qu'artisan. D'abord, j'agis, et ensuite seulement, j'essaye de comprendre ce que j'ai fait. Il y a des pressions que je ressens qui me poussent à faire des choses même si ce n'est pas raisonnable. En France, on avait du mal à comprendre que je sois aussi un artiste graphique. Ce que je dis à travers la peinture est un rapport plus abstrait avec le monde que ce je fais dans la musique."