En 2016, Charlie participait à Koh-Lanta (TF1) en Thaïlande. La jeune femme, migraineuse, avait abandonné le jeu. Aujourd'hui, trois ans plus tard, l'aventurière sort sa biographie intitulée Jacques a dit... suce ! (éditions du Panthéon). Lors d'une interview accordée à nos confrères de TV Magazine, Charlie se livre et évoque son enfance particulière en foyer, entre viols et maltraitance.
Charlie révélait il y a quelques années avoir été placée à la DDASS dès sa naissance alors que ses parents avaient été jugés inaptes à s'occuper d'un nourrisson. Placée dans une pouponnière jusqu'à l'âge de 3 ans, la fillette a par lui suite grandi dans un foyer, d'où elle a été libérée à la majorité. Libérée, c'est le mot. Car la jeune femme de 31 ans était comme prisonnière de ses bourreaux. En décembre 1996, elle a été violée pour la première fois par un camarade âgé de 15 ans... rejoint par deux autres pensionnaires. Les mois suivants, Charlie a été violée quotidiennement par le trio.
"J'étais une petite fille de 9 ans dans un groupe d'adolescents, j'étais relativement mutique, je ne parlais pas et j'étais incapable de confier ou de dénoncer quoi que ce soit, même des choses aussi graves et anormales", explique-t-elle aujourd'hui. Il faut dire que dans cet établissement "évangélique, intégriste et jusqu'au-boutiste", tout ce qui avait attrait au corps était "présenté comme malsain et satanique". Bien qu'il lui ait été "impossible d'en parler", Charlie le sait : tout le monde était au courant. "Quand des viols se produisent tous les jours pendant deux ans, c'est impossible que ça ne se sache pas. Tout le monde savait mais fermait les yeux...", regrette-t-elle.
J'étais une petite fille de 9 ans dans un groupe d'adolescents
Si Charlie était incapable de dénoncer les violences dont elle était victime, un de ses amis, son "seul allié dans le foyer", a un jour fait éclater le scandale. "Le patron de l'établissement ne pouvait plus jouer celui qui ne savait pas et il n'a pas eu d'autre choix que de m'emmener au commissariat pour que je fasse ma déposition", raconte Charlie. Mais avant de se livrer aux policiers, la jeune fille a eu droit à une "violente correction" et à des mots durs. "Sa formule était de me dire que j'étais la sale petite vilaine qui a fait des bêtises. Cela m'a foudroyée, j'ai eu l'impression que mon coeur s'arrêtait ce jour-là. Il m'a brisée", se souvient la candidate de Koh-Lanta. Finalement, après sa plainte, tout s'est arrangé... ou presque : "Je n'ai plus jamais été violée dans l'établissement mais j'ai subi deux agressions sexuelles de la part de membres du foyer, dont une d'un éducateur que je raconte dans mon livre, et diverses violences. J'ai continué à vivre dans un groupe mixte alors que cela ne se pratique pas dans le milieu des foyers."
"Je devrais être morte après ce que j'ai traversé", lance Charlie. Pourtant, elle a survécu malgré les "profondes blessures" qu'elle garde en elle. "J'ai été souillée durant mon enfance et je suis en vie... En apparence. Comme toutes les victimes de viol, j'ai désormais un rapport au sexe complexe, voire anéanti. C'est la moindre des séquelles (...), je fais avec...", conclut-elle. Une triste histoire de vie qu'elle couche sur papier dans Jacques a dit... suce ! publié le 1er mars 2019 et qu'elle espère porter au cinéma prochainement.