Rest, le nouvel album de Charlotte Gainsbourg, est attendu le 17 novembre. Pour la première fois, la chanteuse et actrice chante ses propres textes, en anglais comme en français, textes qu'elle décrit comme impudiques. La faute à la disparition tragique de sa soeur Kate Barry, à celle de son père dont elle dit dans L'Obs ne s'être jamais vraiment remise... Alors Charlotte, ses enfants et leur père, Yvan Attal, ont refait leur vie à New York, où l'enfant chérie de Jane Birkin et Serge Gainsbourg découvre l'anonymat pour la première fois, à 46 ans.
"Paris était devenu invivable d'autant que j'habite à deux pas de là où vivait mon père, rue de Verneuil. Je revivais sans cesse mon enfance, cela ravivait la douleur de l'avoir perdu lui, de l'avoir perdue elle. Nous avons décidé de partir à New York. Ce n'était pas rien, c'est une responsabilité que de déraciner ses enfants. Mais là-bas, je me suis remise à respirer, mes enfants me voyaient reprendre des couleurs." Ben (1997), Alice (2002) et Joe Attal (2011) sont les héros des deux nouveaux clips de leur mère : l'époustouflant Bloody Valentine et l'envoûtant Ring a Ring o' Roses.
Dans ce nouvel album, réalisé avec le producteur electro Sebastian, Charlotte Gainsbourg dédie une chanson à son père. "J'ai vécu douloureusement, à 19 ans, la mort de mon père. J'aurais pu ou dû m'y attendre, mais j'ai été foudroyée. Tout le monde s'est approprié sa mort, alors je me suis enfermée seule chez lui et je fuyais dès que j'entendais ses chansons. Comme c'était violent, pas assumé, cauchemardesque, je n'ai jamais réussi à faire mon deuil. (...) J'ai écrit Lying with You [reposé auprès de toi/couché près de toi, ndlr] sur ma vision de son corps mort."
Dans cette belle interview, Charlotte Gainsbourg évoque également son complexe de l'imposteur. Quand son père la faisait chanter, il ne fallait surtout pas qu'elle fasse la chanteuse. Ce sont les défauts qui le séduisait. Idem avec le réalisateur Lars Von Trier (avec lequel elle a tourné trois films – elle n'évoque pas la polémique soulevée par Björk sur le réalisateur danois) – qui n'attend surtout pas de ces acteurs de faire les acteurs. "C'est pourquoi j'ai tant de mal à me considérer vraiment comme une chanteuse et une comédienne. Mais, maintenant, je sais, j'ai compris : j'aime bien me sentir mal à l'aise dans cette situation. Ce qui ne m'empêche pas d'être blessée quand le lis des internautes qui disent que je n'ai pas de voix ou je ne suis qu'une 'fille de'... Ça me blesse parce que c'est un peu vrai, j'ai un filet de voix."
Charlotte Gainsbourg pousse le trait jusqu'à titrer I Am a Lie ("je suis un mensonge") l'autoportrait qu'elle signe sur son nouvel album, Rest. Un mensonge lauréat de deux César, d'un prix d'interprétation à Cannes et interprète (et désormais auteure) de cinq albums.