Avec son triomphe, samedi 10 mai, lors de la finale du grand concours de l'Eurovision à Copenhague au Danemark, Conchita Wurst n'a pas uniquement remporté une victoire personnelle : derrière le sacre de ce travesti barbu au look de diva et au maquillage prononcé, c'est en effet tout un pays (l'Autriche) et une communauté qui revendiquent ainsi fièrement un message de paix et de tolérance. Car, désormais plébiscitée aux quatre coins de l'Europe, la chanteuse de 25 ans, qui a conquis le public européen avec son Rise Like A Phoenix (titre aux faux airs de générique d'un James Bond) est devenue du jour au lendemain le symbole des débats sur l'homosexualité et des droits des LGBT. Pourtant, si elle s'affirme aujourd'hui dans toute sa splendeur, Conchita Wurst, Tom Neuwirth de son vrai nom, revient de loin.
Comme le confie au journal Daily Mirror Helga, la mère de l'artiste, tout n'a pas toujours été rose pour le jeune Tom, né en 1988 dans les montagnes autrichiennes et qui a dû assumer son orientation sexuelle dans un milieu résolument rural et peu ouvert. "En tant que mère, vous voulez le meilleur pour vos enfants, je suis heureuse qu'elle soit acceptée comme elle est maintenant. Il y a eu des moments particulièrement difficiles, surtout après le coming-out de Tom. C'était compliqué pour moi de me rendre au village", a-t-elle livré au journal anglais.
Si sa mère garde encore quelques traces indélébiles de cette période, Tom, devenu Conchita, se consacre aujourd'hui au bonheur d'affirmer qui il est réellement. "J'ai admis qui j'étais peu avant mon 18e anniversaire. Quand on est prêt à admettre cela devant les autres et devant soi-même, alors on peut mener une vie extraordinaire. Bien sûr, il faut avoir une carapace pour traverser tout cela sans encombre", a assuré l'artiste au Daily Mirror. C'est en effet avec un calme olympien et une impressionnante force que Conchita Wurst a fait face à la levée de boucliers de certains pays de l'Est, remontés à cause de sa présence barbue lors de la finale de l'Eurovision.
Mais au passé mouvementé et aux critiques qui ne cesseront vraiment jamais, la chanteuse (passée par des études de mode à Graz, deuxième grande ville d'Autriche), préfère désormais la liberté de s'exprimer mais n'en oublie pas pour autant ses racines et surtout sa mère à qui elle voue une admiration sans borne. "Je suis allée la voir [avant l'Eurovision], j'avais un cadeau pour elle - je me suis fait tatouer en son honneur dans le dos. Ce n'est pas une grande fan des tatouages, je n'étais même pas sûre qu'elle se reconnaîtrait, a-t-elle raconté au journal. C'est la personne la plus importante dans ma vie. Une mère est une mère, rien ni personne ne peut remplacer cela."