Le nouveau documentaire de Pierre Carles ne sort que le 27 octobre, mais il fait déjà beaucoup de bruit. Fin de concession, c'est son titre, s'intéresse à la privatisation de TF1 et questionne l'indépendance des médias. Un extrait dans lequel Arnaud Montebourg attaquait la première chaîne est à l'origine d'un bras de fer médiatique et politique entre le député socialiste et Nonce Paolini, PDG de TF1.
Un nouvel extrait du documentaire montre la réaction de Jean-Luc Mélenchon - leader du Parti de gauche et député européen - à l'interview d'un délégué CGT de l'usine Continental à Clairoix. Nous sommes en avril 2009, un conflit social fait rage et des syndicalistes ont commis des actes de destruction dans l'usine. En voix off, Pierre Carles explique que David Pujadas prend systématiquement la position du pouvoir politique ou économique. C'est le cas ici, où il pose la question au syndicaliste : "Regrettez-vous ces violences ?", lequel répond : "Que sont quelques carreaux et ordinateurs cassés à côté de milliers de vies brisées ?"
Lorsque Jean-Luc Mélenchon voit les images, sa réaction n'est pas des plus mesurées : "Salaud, va !" puis "larbin, arrête ça me dégoûte..." lance-t-il à propos de Pujadas.
Il s'explique ensuite : "C'est toujours les mêmes mécanismes, comme ce que vous avez vu avec Pujadas : 'Vous regrettez la violence, hein ? Humiliez-vous. Prosternez-vous. Baissez la tête. Baissez les yeux'. C'est ce que nous ont toujours dit les puissants. Et eux, ce sont leurs laquais (les journalistes, ndlr). Et les laquais, en imitant les vices de leurs maîtres, ils ont l'impression de s'approprier leur puissance. Et eux c'est ça, c'est seulement ça qu'ils savent faire !"
Jean-Luc Mélenchon ne mâche pas ses mots. Les attaques qu'il porte à l'encontre du journaliste star de France 2 rappellent un triste épisode dont David Pujadas a été victime, le 30 juin dernier. Un groupe d'individus l'avait agressé devant France Télévisions : sous prétexte de lui remettre le Prix de la Laisse d'or du journaliste le "plus servile", ils ont essayé de lui passer une laisse autour du cou et ont bombé son scooter en doré.
Sur Plan B, site de critique des médias et d'enquêtes sociales, le groupuscule s'explique en ces termes : Pujadas mérite la Laisse d'or pour "son amour des euros (12 000 euros de salaire mensuel), sa haine des syndicalistes et son dévouement pour les puissants."
Là où tout se recoupe, c'est que Plan B a été co-fondé par Pierre Carles et qu'il a lui-même filmé l'agression de David Pujadas, qui devrait figurer dans son documentaire. Dans quelle mesure est-il impliqué dans cette action coup de poing contre Pujadas ? Est-il un simple témoin providentiel ? Ou bien y a-t-il eu mis en scène pour les besoins du documentaire ? Auquel cas, c'est la propre intégrité et crédibilité de Pierre Carles qui s'en trouverait écornée.