L'affaire Denis Baupin avance progressivement. Comme le rapporte l'AFP, le député écologiste a été entendu la semaine dernière par la police judiciaire dans le cadre de l'enquête ouverte après les accusations d'agressions et de harcèlement sexuels lancées contre lui par plusieurs femmes.
Selon des sources policières et judiciaires, l'homme politique de 54 ans a été convoqué puis interrogé en audition libre les 2 et 3 août à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP). Le 10 mai, ce service de la police judiciaire de Paris avait été saisi des investigations dans le cadre de l'enquête préliminaire ouverte par le parquet de Paris pour agressions, harcèlements sexuels et appels téléphoniques malveillants. Le scandale de cette affaire avait éclaté le 9 mai avec les premières révélations de France Inter et Mediapart, qui citaient huit témoignages (quatre de femmes écologistes parlant à visage découvert et quatre anonymes).
Dans leurs témoignages, les plaignantes avaient évoqué pour la plupart des séries de SMS à caractère sexuel pouvant constituer le délit de harcèlement. Sandrine Rousseau, l'actuelle porte-parole d'Europe Écologie Les Verts (EELV), avait décrit une scène d'agression sexuelle survenue lors d'une réunion politique à Montreuil, en octobre 2011. Un cas remonterait à la fin des années 90, les autres allant de 2011 à 2013. Fin mai, cinq nouveaux témoignages sortaient sur France Inter et Mediapart, les victimes supposées dénonçant toutes des gestes ou des messages inappropriés, agressions ou harcèlement. Au total, ce sont pas moins de treize femmes qui se sont livrées dans les médias depuis le début du scandale il y a trois mois.
Les 2 et 3 août face aux enquêteurs, l'époux de la ministre du Logement Emmanuelle Cosse n'a "pas reconnu les faits qui lui sont reprochés", selon une source proche du dossier. Il a en revanche "reconnu un certain nombre d'échanges de SMS dans un contexte de séduction réciproque". Selon une source proche de l'enquête, une dizaine de personnes ont été entendues à la BRDP depuis le début de l'enquête. Parmi elles, des témoins et les quatre premières accusatrices, dont trois ont porté plainte. L'ancienne secrétaire nationale d'EELV Cécile Duflot a également été entendue. À la députée Isabelle Attard qui l'avait accusé de "harcèlement quasi quotidien" au moyen de "SMS provocateurs, salaces", Denis Baupin avait répondu fin mai à L'Obs qu'il s'agissait plutôt de "jeux de séduction". En théorie, à ce stade, seul le cas d'Isabelle Attard, qui dit avoir reçu des SMS de juin 2012 à fin 2013, semble échapper à la prescription, qui est de trois ans pour ces délits.
Denis Baupin reste innocent des faits qui lui sont reprochés jusqu'à la fin des enquêtes judiciaires ou jugements définitifs dans ces dossiers.