Depuis les accusations de victimes supposées d'agressions sexuelles et de harcèlement, relayées par Médiapart et France Inter, à l'encontre du député écolo Denis Baupin, poussé à la démission de son poste de vice-président de l'Assemblée nationale, on n'avait pas encore entendu le principal intéressé. L'élu avait jusqu'ici préféré réagir par la voix de son avocat, qui a déposé plainte pour diffamation alors que le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire. Mais alors que cinq nouveaux témoignages viennent l'accabler un peu plus, il se confie enfin à L'Obs...
Monsieur Denis Baupin m'a sexuellement agressée
Après les témoignages de Sandrine Rousseau (porte-parole de EELV), Elen Debost (adjointe à la mairie du Mans), Isabelle Attard (députée du Calvados, ex EELV) et Annie Lahmer (militante), voilà que cinq autres femmes se sont manifestées pour accuser Denis Baupin de faits similaires survenus entre 1997 et 2014. Deux d'entre elles ont accepté de témoigner à visage découvert : Geneviève Zdrojewski (ex-chef de cabinet de Dominique Voynet en 1997) et Laurence Mermet (ex-chef de la mission Communication, de la direction de la voirie et des déplacements de 2002 à 2004).
La première a déclaré à France Inter : "À deux reprises, monsieur Denis Baupin m'a sexuellement agressée. Une fois, j'étais dans mon bureau, je me trouvais avec la porte ouverte avec mon secrétariat. Monsieur Baupin est rentré dans mon bureau de façon tout à fait inattendue et s'est jeté sur moi." Puis d'ajouter, concernant la seconde fois, aux toilettes : "Là, il m'a plaquée contre le mur, avec les mains sur mes seins, et pour essayer de m'embrasser. Les deux fois, c'était brutal et sexuel." Quant à Laurence Mermet, elle relate de son côté une "caresse dans la nuque" et qualifie ce geste d'"on ne peut plus intime".
Ce sont des jeux de séduction
Ces nouveaux témoignages surgissent alors qu'Elen Debost, Sandrine Rousseau et Isabelle Attard ont récemment été entendues pendant plusieurs heures par la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP). Quant à Denis Baupin, toujours soutenu par sa femme la ministre du Logement Emmanuelle Cosse, il a enfin brisé le silence. "Je le dis très clairement : j'affirme de toute ma vie n'avoir jamais commis de harcèlement sexuel ni d'agression sexuelle. Ce n'est pas ma conception des rapports entre les hommes et les femmes. Obtenir quelque chose de la part de quelqu'un en fonction d'un rapport de force qui serait physique ou lié à un rapport hiérarchique, c'est contraire à ce que je suis", affirme-t-il à L'Obs.
Denis Baupin explique tout autrement ses rapports avec les femmes qui l'accusent, notamment de harcèlement par voie de SMS. "Ce sont des jeux de séduction. Une forme de complicité ou de recherche de complicité. Nous sommes deux adultes qui avons des vies sexuelles et affectives qui permettent qu'on puisse se faire des clins d'oeil", clame-t-il.
L'élu poursuit sa plaidoirie en expliquant : "Je ne vais pas spéculer sur les motivations de ces femmes. Mais il est possible que du fait des désaccords politiques profonds à EELV, il puisse y avoir une relecture d'épisodes anciens." Parmi ces épisodes, il y avait par exemple des SMS échangés avec Elen Debost... "Avec Elen Debost, nous avons eu pendant deux à trois mois des échanges de SMS de nature érotique, entre adultes consentants. Vu le type de réponses apportées, il n'y avait aucune ambiguïté : le jeu était assumé de part et d'autre", affirme-t-il. Denis Baupin a une explication pour qualifier les accusations portées contre lui puisqu'il confie avoir "longtemps été dans le registre de la séduction et dans une forme de libertinage correspondant à la culture des écologistes. (...) Je n'ai rien fait d'illégal, mais j'ai pu être ressenti comme quelqu'un de lourdingue".
Rappelons que Denis Baupin reste innocent des faits qui lui sont reprochés jusqu'à une éventuelle ouverture d'une information judiciaire et un jugement définitif de ce dossier.
Thomas Montet