Dans le film N'avoue jamais (Ivan Calbérac), sorti en avril dernier, il interprète le rôle de Boris, professeur de karaté et ex-amant d'Annie (jouée par Sabine Azéma ). Dans la vraie vie, Thierry Lhermitte est l'homme d'une seule femme, Hélène Aubert, qui jouait le rôle d'une animatrice de club dans Les Bronzés. Elle est son épouse depuis 1974.
Le couple a trois enfants : Astrée (née en 1974), Victor (né en 1979) et Louise (1993). Petit-fils et neveu de neurologue, fils d'un administrateur de sociétés et d'une journaliste, Thierry est issu d'un milieu bourgeois où il est normal de faire de longues études. Au grand dam de ses parents, il a pourtant suivi une toute autre voie. "Après le bac, je me suis inscrit à la fac de Nanterre, mais je n'y ai jamais mis les pieds, expliquait le septuagénaire en avril dernier dans La Tribune du dimanche. Ma carte d'étudiant m'a été utile pour bénéficier de réductions en tout genre."
Ses études à lui, ce seront les cours d'art dramatique de l'actrice Tsilla Chelton qu'il suivra trois durant avec ses camarades de la troupe du Splendid - laquelle n'a pas répondu présent dans sa totalité, lors des récents adieux à Michel Blanc - à partir de 1970. Rétrospectivement, Thierry s'en veut d'avoir inquiété ses géniteurs. "Je regrette aujourd'hui d'avoir été ce gamin qui ne s'intéressait à rien. Partout où j'étais, je voulais être ailleurs. Je ne savais pas où, mais juste ailleurs. Mes parents étaient désespérés. Il y a des milliers de gamins qui n'ont aucun intérêt pour les études et tout à coup deviennent excellents dans un domaine parce qu'ils y trouvent de l'intérêt. Ce fut mon cas." Avec le théâtre donc.
En la matière, il a mis ses parents devant le fait accompli : "C'était ma décision et ils n'avaient pas d'autre choix que de l'accepter. À l'époque, c'était tellement facile de gagner sa vie. Les petits boulots, il y en avait à la pelle. J'ai été coursier, machiniste au Théâtre Marigny. J'ai étendu du tissu sur les murs..."
On pourrait croire que, avec son allure bohème et son humour ravageur, le natif de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) n'a pas mis la pression à ses rejetons pour qu'ils suivent des études. D'ailleurs, durant l'enfance d'Astrée et Victor, en 1987, la famille a fait une pause d'environ un an pour prendre la mer à bord d'un voilier de 13 mètres. Les choses sont un peu plus compliquées que cela et leur père espérait qu'ils ne l'imitent pas.
"Nous, les parents, commettons l'erreur d'espérer que nos enfants réussiront là où on a échoué, a-t-il poursuivi dans La Tribune du dimanche. Mais c'est souvent une désillusion. Je dois avouer que les études ne sont pas vraiment leur truc non plus. J'ai fini par accepter qu'ils ne partagent pas mes ambitions pour eux. L'important, c'est qu'ils soient heureux."
Et ils semblent l'être. À 45 ans, Victor Lhermitte vit depuis plusieurs années à Montréal. Au Québec, il a longtemps tenu un restaurant bistrot baptisé Les Cons Servent, preuve qu'il a hérité de l'humour de son paternel ! Victor est papa d'un fils de dix ans et d'une fille de deux ans qui appellent leur grand-père Papito et le voient une ou deux fois par an. Il apprécie particulièrement le rapport avec ses petits-enfants. "On est très tolérants, on a que le bon côté des choses, pas la responsabilité de les élever, avouait-il en juillet 2022, au micro d'Europe 1. C'est plus facile." Pour savoir qui a repris le flambeau de la vie de bohème chez les Lhermitte, il faut se tourner vers les filles. Après Thierry, Astrée et Louise ont également choisi la vie d'artiste.
Astrée, tout d'abord, est une peintre de 50 ans. En cela, elle succède à son arrière-arrière grand-père paternel Léon Lhermitte, peintre réputé du début du XXe siècle. Après une brève carrière de maquilleuse cinéma, elle est partie vivre aux États-Unis entre 1990 et 2000. Elle a étudié la peinture au Savannah College of Art and Design, dans l'État de Georgie. Puis, ses diplômes de graphiste et d'illustratrice en poche, Astrée s'est installée à New-York. Avant un retour en France peu avant le 11 septembre 2001. Aujourd'hui, elle crée des oeuvres abstraites inspirées par le peintre russe Vassily Kandinsky ou l'écrivain italien Cesare Pavese dont elle aime particulièrement cette citation : "L'art est la preuve que la vie ne suffit pas."
Sa soeur, Louise Lhermitte, a répondu aux appels d'une autre muse : la musique. Après avoir étudié le violon alto, elle a sorti en 2022, sous le nom d'artiste de Lonny, un premier album baptisé Ex-Voto qu'elle a défendu lors d'une tournée de plus de 150 dates, dont un concert à la Cigale à Paris et les premières parties de Dominique A et Jane Birkin à l'Olympia. Ex-Voto a reçu un très bel accueil du public et des médias, France Inter saluant des "textes superbes et un album qui se situe dans les pas d'une autre grande figure de la folk, Leonard Cohen". Il y a pire comme comparaison ! Lonny est revenue en 2023 avec l'album Autour d'Ex-Voto.
Très fan de sa cadette, Thierry suit sa carrière avec beaucoup d'intérêt et rate rarement ses concerts parisiens. "Je suis proche de mes trois enfants, se félicitait le comédien en 2016 dans Paris Match. En général, ça chauffe un peu à l'adolescence et on se retrouve plus tard." Comme se retrouve quasi-immanquablement chez les Lhermitte, les gènes d'une âme d'artiste.