Coup de tonnerre dans le milieu médiatico-politique, ce lundi 9 mai 2016. En effet, une enquête conjointe menée par France Inter et Médiapart révèle que le député écologiste Denis Baupin (ex-membre de EELV), vice-président de l'Assemblée nationale et mari de la ministre du Logement Emmanuelle Cosse, est accusé de harcèlement et d'agression sexuelle par plusieurs femmes qui ont travaillé avec lui ou croisé sa route...
Si beaucoup ont préféré garder l'anonymat, au moins quatre d'entre elles ont osé parler à voix haute et à visage découvert pour dénoncer les supposés agissements de Denis Baupin. Parmi elles figurent Sandrine Rousseau (porte-parole de EELV), Elen Debost (adjointe à la mairie du Mans), Isabelle Attard (députée du Calvados, ex EELV) et Annie Lahmer (militante). Ce qui a libéré la parole de certaines de ses femmes ? Une photo sur laquelle le député écolo prenait part à la campagne Mettez du rouge, contre les violences faites aux femmes. Toutes dénoncent un comportement déplacé, des propos graveleux, des gestes abusifs...
Je me souviens de SMS lourds, graveleux, très insistants
Isabelle Attard raconte par exemple avoir reçu une multitude de SMS de Denis Baupin. "Du harcèlement quasi quotidien par SMS qui commence en juin 2012 et qui a duré jusqu'en fin novembre 2013 quand j'ai quitté EELV. Je savais que nous étions plusieurs députées et une collaboratrice à recevoir ces SMS. Beaucoup se sont tues pour ne pas blesser sa compagne", rapporte-t-elle. Des SMS déplacés, confirmés par son assistant parlementaire Frédric Toutain, qui les a vus. "Je me souviens de SMS lourds, graveleux, très insistants. J'ai été délégué du personnel et je sais que le harcèlement sexuel est caractérisé. Une collaboratrice a reçu également des SMS orduriers et a même a subi des attouchements", a-t-il dit.
De son côté, Sandrine Rousseau est encore plus explicite sur ses accusations. "Il m'a plaquée contre le mur en me tenant par la poitrine et a tenté de m'embrasser dans le couloir, durant une pause alors que j'animais une réunion. J'en ai parlé à deux membres de la direction du parti. L'un m'a dit : 'Ah, il a recommencé.' L'autre : 'Ce sont des choses qui arrivent très souvent'," relate-t-elle. Les faits seraient survenus en 2011.
Annie Lahmer ajoute : "S'entendre dire qu'on n'aura jamais de poste parce qu'on n'a pas voulu coucher avec lui... Je crois que même chez nous, les Verts, on n'arrive pas à différencier le harceleur du séducteur. On entend même dire : 'Si elles n'ont pas porté plainte, c'est que ce n'est pas vrai.'"
Denis Baupin n'a pas réagi à ses accusations et, pour l'heure, aucune plainte n'a été officiellement déposée.
Rappelons que Denis Baupin reste innocent des faits qui lui sont reprochés jusqu'à une éventuelle ouverture d'une information judiciaire et à un jugement définitif de ce dossier.
Thomas Montet