Dominique Strauss-Kahn brise le silence. Une semaine après le suicide de Thierry Leyne, son associé dans le fonds d'investissement LSK - pour Leyne Strauss-Kahn & Partners - créé en 2013, l'ex-directeur du FMI s'explique dans Le Parisien. "Touché personnellement" par ce "terrible drame", l'ex-mari d'Anne Sinclair revient sur ce projet et donne les raisons de sa démission de la présidence de LSK, trois jours avant que l'homme d'affaires franco-israélien de 48 ans ne se défenestre à Tel-Aviv.
DSK "touché personnellement"
"Un terrible drame humain." Avant d'en dire plus sur sa collaboration avec Thierry Leyne, qui avait beaucoup fait parler, DSK tient à exprimer toute sa tristesse face à la mort brutale de son associé qui, comme il le rappelle, laisse derrière lui une compagne et quatre enfants, dont la maman a "disparu". "C'est une situation dramatique qui me touche personnellement", ajoute l'ancien directeur du FMI, toujours marqué, et qui juge "difficile" de donner les raisons de ce suicide. "Chacun sait que la disparition de sa femme (un suicide également, il y a trois ans - suite à la demande de divorce de Thierry Leyne, sa femme Karen s'est jetée du haut d'un parking à Genève, NDLR) l'avait profondément marqué", confie-t-il.
Concernant LSK, la question qui se pose notamment est de savoir pourquoi DSK a démissionné quelques jours avant la mort de son associé. "J'ai constaté à la fin de l'été que le projet n'était pas conforme à ce que nous avions envisagé ensemble et ne correspondait pas à ce que je cherchais", explique-t-il notamment. L'ancien ténor socialiste regrette notamment d'avoir été le seul à "apporter des affaires", ce qui ne "correspondait pas" à ce qu'il attendait d'un partenariat. DSK reconnaît aujourd'hui que Thierry Leyne avait contracté une série d'emprunts excessifs...
"J'ai perdu mon investissement"
L'autre raison pour DSK, c'est la gestion de Thierry Leyne, qui était le "directeur général et gérait l'entreprise", contrairement à lui, président non exécutif. "Il était engagé dans une stratégie d'emprunts qui m'est apparue en octobre avec les comptes 2013 et que je ne peux accepter. C'est la seconde raison", justifie l'amoureux de Myriam L'Aouffir, qui pense que ces emprunts peuvent également l'avoir conduit à commettre l'irréparable. DSK reconnaît étonnamment qu'il en "apprend plus" sur son associé depuis sa mort qu'avant. L'ex-patron du FMI, dont la fille Vanessa devait diriger la filiale suisse de LSK, Assya Asset Management, assure qu'il connaissait en effet "depuis peu" cet homme d'affaires "à la réputation contrastée" que lui avait présenté une amie de longue date, devenue la compagne de Thierry. Il a assisté à ses obsèques vendredi à 15 heures à Jerusalem.
Cette opération se sera donc avérée être un echec pour DSK, qui donne des conférences à travers le monde et monnaye ses conseils avisés - notamment auprès de gouvernements étrangers - depuis la fin de sa carrière politique. "J'ai probablement perdu mon investissement et n'ai jamais perçu aucune rémunération. A mon échelle, c'est beaucoup d'argent", assure-t-il. On parle de plusieurs millions d'euros de pertes... LSK, auparavant Groupe Anatevka, avait été condamné le 3 octobre par la justice luxembourgeoise - avec sa filiale Assya et Thierry Leyne - à payer 2 millions d'euros à l'assureur Bâloise-Vie Luxembourg, qui réclamait le remboursement de titres du groupe LSK qui étaient dans son portefeuille.
"Serein" à l'aube du procès Carlton
Toujours poursuivi dans l'affaire de proxénétisme du Carlton de Lille, pour laquelle il est renvoyé en correctionnelle au côté de 13 autres personnes, DSK en a profité pour donner son sentiment. "Cette histoire a été montée en épingle et j'ai bon espoir que le tribunal (de Lille, NDLR) me rendra justice en février", a dit l'ex-ministre, "serein". Verdict dans quelques mois.