Primé pour sa mise en scène à Cannes en mai 2011, Drive de Nicolas Winding Refn suit un jeune garagiste, interprété par Ryan Gosling. Cascadeur sur des films hollywoodiens à ses heures perdues, celui-ci se retrouve embarqué dans une sombre affaire de braquage après avoir voulu protéger celle qu'il aime de loin.
Sur le papier, Drive est un film d'action et de poursuites. C'est d'ailleurs ce qu'il aurait dû être si Ryan Gosling n'avait pas remplacé Hugh Jackman et amené le réalisateur danois Nicolas Winding Refn (Le Guerrier silencieux, Bronson et la trilogie Pusher) sur le projet.
Car à l'écran, Drive est un objet hypnotique et envoûtant, parfois déconcertant, porté par une musique électro-rétro et un générique rose fluo. Les critiques s'enthousiasment pour ce film à part et, pour les mêmes raisons, Sarah Deming, une Américaine du Michigan, vient de porter plainte contre FilmDistrict, qui distribue le film.
Selon elle, le distributeur "a assuré la promotion du film Drive de manière similaire à Fast & Furious ainsi qu'à des films et séries du même genre. Mais Drive n'avait que très peu de similarités avec un film de poursuite ou de course."
Cette spectatrice insiste en expliquant que Drive "contenait des scènes de racisme gratuit, diffamatoire et déshumanisant à l'encontre des juifs, et faisait la promotion de la violence à l'encontre des membres de la foi juive."
Dans un pays qui lance régulièrement des procédures de ce genre, Sarah Deming demande à être remboursée de sa place de cinéma et réclame l'interdiction de ces bandes-annonces qu'elle juge malhonnêtes. Elle espère ainsi convaincre d'autres spectateurs pour organiser un recours collectif. Si jamais elle y parvient, le procès sera très, très long.
En attendant, le film Drive fait le bonheur des salles de cinéma en France, au grand dam de Franck Dubosc, héros de la comédie Bienvenue à bord, sorti le même jour, à savoir le 5 octobre. Ce polar classieux a été vu par 394 835 spectateurs 246 salles pour ses cinq premiers jours d'exploitation en 246 salles à travers l'Hexagone. La performance de Drive est d'autant plus remarquable qu'il arrive juste derrière Bienvenue à bord, la comédie d'Eric Lavaine avec Franck Dubosc, Gérard Darmon et Valérie Lemercier, qui a réuni 486 229 spectateurs, mais en... 525 salles. Sur Paris-périphérie, c'est d'ailleurs Drive qui l'emporte largement sur la "croisière" de Dubosc. Le thriller de Nicolas Winding Refn est désormais bien parti pour atteindre le million d'entrées en France et compte-tenu de son excellent bouche à oreille, il n'est pas impossible qu'à l'arrivée il surpasse même Bienvenue à bord, qui a été très mal accueilli par les critiques lors de sa sortie mercredi.