

Suite à l'accident d'hélicoptères qui a frappé le tournage de l'émission Dropped destinée à TF1, le 9 mars dernier en Argentine, coûtant la vie à dix personnes dont huit Français (les sportifs Camille Muffat, Alexis Vastine et Florence Arthaud, ainsi que cinq membres de l'équipe de production), les mondes du sport et de la télévision se sont trouvés endeuillés.
Pour la première fois depuis ce tragique accident, la snowboardeuse professionnelle Anne-Flore Marxer, qui figurait au casting de l'émission de TF1, a accordé un entretien fleuve au quotidien sportif L'Equipe, son premier à un média français depuis le drame. Elle revient sur les jours qui ont suivi ce bouleversant crash et explique la force qui fut nécessaire pour faire face. "J'ai tenu bon jusqu'à ce qu'on nous annonce qu'on rentrait en France le lendemain. Savoir que chacun de nous allait repartir dans son coin, ça m'angoissait. Là, j'ai craqué, et heureusement qu'il y avait un psychologue... J'ai discuté avec lui toute la nuit. Il m'a aidée à faire ressortir toutes mes angoisses", se remémore-t-elle, dix semaines jour pour jour après le drame.
Les jours suivant le drame, les sollicitations médiatiques s'enchaînent : "Je voulais rester le plus loin possible de tout ça", explique-t-elle, cherchant à se protéger et sans doute par pudeur à l'égard des familles endeuillées. "C'était tous des gens tellement géniaux. Perdre un ami, c'est dur, mais là, tellement de personnes sont décédées d'un coup, c'est difficile à gérer", poursuit-elle, non sans émotion. Et de questionner : "Comment vivre avec ça ? Je ne sais pas trop..."
De toute évidence, évoquer ce drame, remuer le couteau dans la plaie, n'est pas véritablement un soulagement pour Anne-Flore Marxer : "Quand j'en parle, j'ai l'impression que c'est quelqu'un d'autre qui prend la parole. Je ressens une forme de culpabilité, tout simplement parce que la raison pour laquelle je parle, c'est que je ne suis pas morte."
Malgré tout, la snowboardeuse ne fait pas partie des opposants à la diffusion du seul et unique épisode bouclé de l'émission. Elle juge même que "ce serait un moyen de rendre hommage aux sportifs décédés mais aussi aux autres victimes qu'il ne faut pas oublier". Elle conclut : "Diffuser cet épisode, ça témoignerait du bonheur que l'on a vécu tous ensemble et je pense que ce serait réconfortant pour les proches des victimes... Parce que c'est ce beau souvenir que l'on doit garder d'eux."
Le 3 avril dernier, le parquet de Paris décidait d'ouvrir une information judiciaire "contre personne non dénommée" pour homicides involontaires, qui vise à approfondir les investigations autour de ce double crash.
Joachim Ohnona
Entretien à retrouver en intégralité dans le journal L'Equipe du lundi 18 mai 2015.