C'est l'heure de l'épilogue, pour Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Au terme d'une campagne présidentielle qui restera comme l'une des plus détestables de la Ve République, deux semaines après un premier tour qui a signé la fin d'une ère politique, et quelques jours après un débat d'entre-deux-tours consternant, les urnes doivent désigner ce dimanche 7 mai 2017 leur verdict et désigner le 25e président de la République française.
Donné favori et rallié depuis de nombreux bords pour contrer son adversaire étiquetée FN, Emmanuel Macron, candidat du mouvement En Marche!, n'a guère traîné pour aller exprimer son suffrage. Comme deux semaines plus tôt, c'est à l'hôtel de ville du Touquet (Pas-de-Calais), où il possède une résidence secondaire, et en compagnie de son épouse Brigitte qu'il s'est présenté vers 11 heures. Acheminés en voiture, pour des raisons de sécurité, depuis leur villa distante de seulement 300 mètres, comme l'a observé l'AFP, l'ancien ministre de l'Economie, âgé de 39 ans, et l'ancienne prof devenue la femme de sa vie, âgée de 64 ans, sont apparus souriants, même si la tension de ce rendez-vous avec l'Histoire était palpable.
La veille, toute la famille était réunie pour un heureux événement : dans la villa du Touquet, on fêtait en effet l'anniversaire d'Elise, l'une des deux enfants de Tiphaine Auzière, fille de Brigitte Macron, et de son compagnon Antoine, journée que le couple Macron a achevée en dînant à la Brasserie des Sports (entre-temps, la première dame en puissance s'était offert malgré la météo peu amène une promenade sur la plage avec sa fille). Une célébration en cache une autre ?
La sortie de la mairie, après une poignée de main chaleureuse avec le maire (LR) Daniel Fasquelle et son équipe, s'est faite dans une grande effervescence, des partisans formant comme une haie d'honneur autour du couple, et à nouveau, quelques dizaines d'autres supporters étaient présents à l'extérieur pour acclamer leur candidat. Dont certains ont eu droit à un selfie avec le prochain chef de l'Etat en puissance. Au Touquet, les électeurs s'étaient prononcés à 30% en sa faveur au premier tour. Enfant du pays, Sébastien Cauet est venu glisser son bulletin à la mairie quelques dizaines de minutes après le passage d'Emmanuel Macron.
De son côté, la candidate du Front National Marine Le Pen se présentait quasi simultanément au bureau de vote de son fief d'Hénin-Beaumont, à 120 kilomètres à l'est dans le même département, où elle avait reçu 46,50% des suffrages au premier tour. Quelques minutes après qu'Emmanuel et Brigitte Macron avaient laissé tomber l'enveloppe dans l'urne au Touquet, elle était de retour à l'école Jean-Jacques Rousseau pour effectuer le même geste citoyen, entourée du maire FN de la commune, Steeve Briois, et de l'un des adjoints de ce dernier, Bruno Bilde. Elle aussi avait fait le trajet en voiture, pour les mêmes raisons de sécurité, et est repartie sans s'attarder.
Pendant ce temps-là, le futur ex-chef de l'Etat, François Hollande, votait dans son ancien fief électoral de Tulle, en Corrèze. Echaudé par les scores du premier tour dans son département, où Marine Le Pen était arrivée en tête (26,69%, contre 20,65% à Emmanuel Macron, qui était toutefois plébiscité à Tulle avec 30,8% des suffrages contre 13,8% à sa rivale), le président avait depuis fait entendre sa voix en faveur de son ancien ministre et pour barrer la route au Front National. "A chaque fois que je vote, c'est une émotion, a-t-il déclaré à son arrivée devant son bureau de vote habituel. C'est toujours un pays, le mien, qui est en cause ou un territoire parce que j'en ai été l'élu. C'est toujours un acte important, significatif, lourd de conséquence, voilà pourquoi il faut voter."