Avec onze candidats et un électorat assez largement déboussolé, le premier tour de l'élection présidentielle 2017 promettait d'être particulièrement indécis. Mais, si nombre de leurs compatriotes ont eu du mal à se faire une conviction, les protagonistes n'en manquaient pas au moment d'aller mettre le bulletin dans l'urne. Qui dans une école, qui dans une mairie ; qui en couple, qui en solo... A chacun sa manière d'appréhender ce geste crucial !
Emmanuel Macron, par exemple, a pris une profonde respiration avant de se lancer dans la bataille. Au terme de sa campagne, le candidat du mouvement En Marche ! a profité de se trouver au Touquet pour... se mettre en marche dans la nature, s'octroyant samedi quelques moments pour se promener main dans la main avec sa femme Brigitte, d'un soutien constant, et faire le plein d'air iodé, à la veille d'aller voter. Le jour venu, le couple s'est rendu ensemble à la pittoresque mairie de la fameuse station balnéaire du Pas-de-Calais. Il y avait foule (des médias, mais aussi du public) aux abords de l'Hôtel de Ville lors de leur passage, et, à l'intérieur, c'est avec décontraction, du moins en apparence, que les conjoints ont déposé leur enveloppe.
Du côté de François Fillon, l'atmosphère était moins détendue. C'est dans un contexte de sécurité maximale, suite à l'attentat déjoué à Marseille, que le chef de file du parti Les Républicains est allé voter à la mairie du VIIe arrondissement. Pas de bain de foule, pas non plus de présence à ses côtés de son épouse Pénélope, éreintée par le tourbillon médiatique de l'affaire qui a pris son nom - le Pénélopegate. Mairie également pour le candidat du Parti socialiste Benoît Hamon, celle de Trappes, dans la 11e circonscription des Yvelines dont il est le député ; quelques jours après avoir exhorté ses concitoyens, place de la République à Paris, à se réveiller pour éviter un cauchemar, l'homme politique, venu voter sans sa discrète compagne Gabrielle, semblait serein.
Alors qu'elle n'a jamais semblé autant en position favorable que pour ce scrutin, Marine Le Pen, rentrée de son ultime meeting à Marseille, votait en toute quiétude à l'école Jean-Jacques Rousseau de Hénin-Beaumont, fief nordiste du FN, cependant que son père Jean-Marie et que sa mère Pierrette allaient exprimer leur suffrage à Saint-Cloud. De l'autre côté de l'échiquier politique, Jean-Luc Mélenchon, le rhéteur de La France Insoumise, arborait un sourire de circonstance à l'école élémentaire Louis Blanc à Paris. Et de l'autre côté de la France, Jean Lassalle, entouré de sa fille Alizée et de sa mère Marie, déposait son bulletin dans la petite mairie de Lourdios-Ichère, la petite commune des Pyrénées-Atlantiques dont il est le maire.
Quant à Philippe Poutou, seul candidat qui trouve un tant soit peu grâce aux yeux de Nicolas Anelka d'après l'interview du bad boy du foot français publiée ce jour par le JDD, c'est tranquillement en famille et en jeans qu'il est allé voter à Bordeaux, avec sa compagne Béatrice et son fils Ange, en skate.
Alors qu'il prépare sa sortie, le président sortant, François Hollande, a exprimé son suffrage dans un décor qu'il connaît bien et affectionne, à la mairie de Tulle (Corrèze), avant de partir à la rencontre des Corréziens et d'aller observer les chantiers en cours dans le centre-ville. Son prédecesseur Nicolas Sarkozy n'a bien entendu pas manqué lui non plus de prendre position pour ce premier tour : au lendemain de sa sortie au Parc des Princes avec ses fils Pierre et Louis, c'est avec son épouse Carla que l'ancien chef de l'Etat a voté au Lycée Jean-de-la-Fontaine, en bordure du 16e arrondissement.
A 17 heures, le taux de participation atteignait 69,42% en métropole, en légère baisse par rapport au premier tour de 2012 (70,59%) mais l'un des meilleurs taux depuis 40 ans. Peu après 20 heures, les premières estimations donnaient nettement Emmanuel Macron et Marine Le Pen au second tour.