Vexée d'être sevrée d'engagements officiels au point d'exprimer ses griefs à son petit frère le roi Felipe VI et d'avoir des mots (y compris des insultes) avec sa belle-soeur la reine Letizia, l'infante Elena d'Espagne n'était à l'inverse que sourire et bons sentiments, vendredi 1er mars 2019.
Alors que sa participation à la vie publique s'est raréfiée depuis la disgrâce de sa soeur l'infante Cristina, éclaboussée par le scandale Noos qui vaut à son époux de purger une peine de près de 6 ans de prison, et les dispositions prises par le souverain, qui a réduit la famille royale à un noyau dur restreint, Elena d'Espagne avait ce jour-là pour mission de perpétuer, comme en 2014 et en 2017, une tradition royale ancestrale datant de la fin du XVIIe siècle : celle d'honorer, le premier vendredi du mois de mars, le Christ de Medinaceli.
Prenant le relais de son frère le roi Felipe, qui s'était acquitté de cette noble tâche en 2018, l'infante Elena, 55 ans, a été reçue avec ferveur en la basilique madrilène Nuestro Padre Jesús de Medinaceli, voisine de la fontaine de Neptune et du parc du Retiro, dans l'est de la capitale espagnole. Copieusement applaudie par les paroissiens, venus par centaines en cette occasion afin de baiser les pieds du Christ et formuler leurs trois voeux dans l'espoir d'en voir un exaucé, selon la croyance, la fille aînée du roi Juan Carlos Ier et de la reine Sofia a été accueillie par le ministre provincial de la communauté des pères capucins et plusieurs membres de l'ordre.
Fendant la foule des fidèles qui se massaient pour lui serrer ou lui baiser la main, elle s'est ensuite avancée jusque devant la fameuse effigie du Christ haute d'un mètre 73, qui avait été sculptée dans la première moitié du XVIIe siècle à Séville et a écouté l'hymne national, joué par l'organiste de l'église. Après quoi, l'infante s'est signée et a respectueusement baisé le pied droit de la statue, se recueillant quelques instants avant de repartir d'où elle était venue, non sans faire d'abord un détour par la sacristie et converser avec des membres de la confraternité. Distribuant bons voeux et attentions au public qui n'avait pu pénétrer dans l'édifice en même temps qu'elle et se tenait à l'extérieur, c'est sous les vivats ("Vive l'Espagne ! Vive l'infante !") qu'elle a quitté les lieux.
Sans doute ragaillardie, alors qu'elle se plaint auprès de son frère le roi d'être bien peu employée pour les activités officielles de la couronne, par cette chaleur populaire et ce retour - littéralement - en grâce dans l'agenda royal. Trois jours plus tôt, elle accompagnait sa mère la reine Sofia lors de la remise des prix de la Fondation Reine Sofia en faveur de la recherche sur la maladie d'Alzheimer.