Comme les acteurs oscarisés qui s'aventurent sur les mauvais terrains du cinéma, les réalisateurs catapultés par leur premier film sont rarement capables de transformer l'essai. La faute à la pression, l'attente, les ambitions et la tentation des studios, une pépite synonyme d'un futur cinéaste de premier ordre peut devenir un simple coup de chance. C'est aussi pour cette raison que la comédie romantique Elle s'appelle Ruby de Jonathan Dayton et Valerie Faris est une petite réussite ensoleillée, confirmation de l'univers follement poétique et doucement dramatique de ce duo célébré avec Little Miss Sunshine (2006). Cinq bonnes raisons de tomber amoureux de cette romance complètement unique, où un écrivain donne vie à la femme idéale en écrivant son nouveau roman.
1. Zoe Kazan ou le rayon de soleil multicolore
Petite-fille du célèbre Elia Kazan mais pas que, Zoe Kazan, 29 ans, entre avec fracas sur la scène du cinéma américain avec un premier rôle solaire qu'elle s'est écrit elle-même. Avec ses grands yeux bleux et sa face de clown triste, très loin des archétypes de la fille hollywoodienne, ce second rôle du cinéma indépendant explose littéralement en incarnant une femme irréelle, tour à tour fragile, délurée, tragique et lubrique. Une belle histoire qui s'est terminée par une vraie romance avec son partenaire Paul Dano, mais qui continuera au cinéma avec les premiers rôles des comédies romantiques In Your Eyes scénarisé par Joss Whedon (Avengers, Buffy contre les vampires) et The F Word avec Daniel Radcliffe.
2. Paul Dano ou le coeur du ciné indé
Il avait frôlé une nomination aux Oscars pour There Will Be Blood (2007) mais la roue ne devrait plus tarder à revenir à lui. Visiblement décidé à ne pas abandonner le cinéma indépendant, avec cependant quelques escales hollywoodiennes (Knight and Day, Cowboys et envahisseurs), l'indéchiffrable acteur de 28 ans retrouve les réalisateurs de Little Miss Sunshine pour un nouveau rôle décalé, projection de l'adolescent muet qui rêvait de s'envoler. L'occasion de confirmer à nouveau son potentiel, alors qu'il est à l'affiche des drames For Ellen et Monsieur Flynn.
3. La délicieuse folie assumée
Moins kitsch que la série Code : Lisa (1994-1998) mais plus lisible que L'Incroyable destin de Harold Crick (2008), Elle s'appelle Ruby explore le fantasme de la création, celui où l'auteur se plaît à coexister avec son imaginaire pour fuir la réalité. Un fascinant point de départ qui donne lieu à des situations cocasses où le héros et son frère décident de tester les limites du processus en réécrivant la fille rêvée.
4. Le comédie romantique 2.0
À une époque où les bluettes se suivent et se ressemblent, Elle s'appelle Ruby propose une formule bien plus décalée que la moyenne. Car l'affiche est très claire : "Une histoire d'amour tellement impossible... qu'elle doit être vraie". Avec le parti pris de ne pas rationaliser la magie du scénario, les deux réalisateurs et scénaristes explorent les difficultés d'une relation normale, avec en bonus quelques difficultés pas vraiment ordinaires.
5. Le choc des larmes et des rires
Si la réalité se définit comme le choc entre le rire et les larmes, Ruby est certainement l'histoire d'amour la plus réaliste de la rentrée. Résolument tourné vers la comédie, le film de Jonathan Dayton et Valerie Faris n'hésite pas à explorer les sombres replis de l'âme humaine avec une scène d'une violence inouïe où le héros brise son fantasme en frappant les touches de sa machine à écrire. Une scène marquante qui confirme que les deux réalisateurs sont des scénaristes entiers.
Elle s'appelle Ruby, en salles le 3 octobre.