Samedi 6 mars 2010, la talentueuse Emily Loizeau, qui a gratifié le public des 25e Victoires de la Musique d'une version live vibrante et habitée de son Pays Sauvage (single-titre de son dernier album), est passée à côté d'une nouvelle consécration.
Dans la catégorie reine de l'Artiste Interprète féminine de l'année, c'est Olivia Ruiz, très effusive et auteure d'une déclaration d'amour publique à son compagnon, qui a reçu le trophée. Après une nomination non concrétisée dans la catégorie Révélation scène en 2008, Emily Loizeau aura confirmé qu'elle compte parmi les très grandes de la nouvelle génération musicale... tout en repartant bredouille.
Depuis ses débuts discographiques en 2005 avec l'album Folie en tête, elle n'a pourtant pas à rougir, au vu des récompenses prestigieuses qui sont venues saluer son jeune parcours : Prix SACEM lors du Festival Chorus (Hauts de Seine) en 2005, Prix Bruno Coquatrix 2006 de Cabourg remis par Alain Chamfort lors des 7èmes Rencontres européennes des Artistes, Prix Lucien Barrière Variétés 2007, Prix Francis Lemarque en juin 2008, et, dernièrement, le fameux Prix Constantin, fin 2009, pour cet ébouriffant album Pays Sauvage doté d'un clip original et tendre pour la chanson Sister.
Et à propos de soeur, concernant Emily Loizeau, difficile de ne pas faire le parallèle entre leurs parcours respectifs différents mais acclamés par la critique : si c'est dans la chanson qu'Emily se distingue, Manon Loizeau fait la preuve de son talent dans le journalisme. Aussi à l'aise de ce côté-ci de la Manche que de l'autre (Emily et Manon sont nés d'un père français et d'une mère britannique, et sont les petites-filles de feue Dame Peggy Ashcroft et de son troisième époux, Jeremy Hutchinson), Manon était récompensée en 2006 du Prix Albert Londres du Meilleur Grand reporter de l'audiovisuel pour son film La Malédiction de naître fille (avec Alexis Marant). Elle s'est particulièrement signalée, jusqu'à maintenant, avec des investigations dans des domaines politiques sensibles, tout particulièrement la guerre en Tchétchénie.
Les soeurs Loizeau perpétuent ainsi, chacune dans son domaine, une forme de tradition familiale dans la conquête des honneurs : leur grand-mère Peggy Ashcroft, décédée en 1991 à l'âge de 83 ans, avait notamment décroché l'Oscar du Meilleur second rôle pour sa prestation dans La Route des Indes (1984) de David Lean. Comédienne britannique qui consacra presque entièrement son activité à la scène (avec, toutefois, des compositions remarquées pour le grand écran, pour Hitchcock - Les 39 Marches -, ou Schlesinger - Un Dimanche comme les autres, Madame Souzatska -), Peggy Ashcroft avait par ailleurs été élevée au rand de Commandeur (CBE) dans l'Ordre de l'empire britannique en 1951, puis Dame commandeur (DBE), 2e rang le plus important, en 1956.