Lundi 9 mai se tenait la troisième édition du prix Non au harcèlement. Quelque 9 000 enfants et adolescents de 600 établissements scolaires y ont participé, réalisant plus de 1 200 affiches et vidéos. Les dix classes qui ont gagné le concours ont reçu un prix en présence de Laurence Rossignol, la ministre des Familles, de l'Enfance et des Droits des femmes, et de Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'Éducation nationale. Porte-parole des victimes du harcèlement scolaire, EnjoyPhoenix était également présente. Dans une interview accordée au site Mademoizelle.com – réalisée à cette occasion –, la célèbre Youtubeuse parle du harcèlement qu'elle a elle-même subi et donne des nouvelles de celles qui lui ont fait tant de mal.
Sa terrible expérience, EnjoyPhoenix l'a largement évoquée dans son livre autobiographique #EnjoyMarie. Face à la caméra de nos confrères, la jeune femme de 21 ans se replonge dans son passé : "Au début, je n'osais pas en parler avec mes parents. Mais à force de rentrer tous les soirs à la maison en pleurant, ils ont commencé à me poser des questions et je leur ai tout dit. Pour eux, ça a été vécu comme un échec car ils avaient l'impression qu'ils n'avaient pas été capables de me protéger. On est allé en parler aux professeurs qui ont pris ça à la rigolade. Ils ont été voir les filles en question et ça a été pire", confie-t-elle.
Regrettant ne pas avoir été prise au sérieux et d'avoir été considérée comme "une menteuse", celle qui a participé à Danse avec les Stars (TF1) avait "l'impression d'être une moins que rien, car en plus d'être harcelée, le corps enseignant ne [la] soutenait pas". Et cinq ans plus tard, aussi incroyable que cela puisse paraître, celles qui ont martyrisé EnjoyPhoenix – sans être jamais sanctionnées – ne regrettent rien. Pire, l'une d'entre elles l'a même fait savoir en lui envoyant un e-mail. "J'en ai reçu un quand j'ai commencé à être connue qui m'a particulièrement choquée. Dans le message, il y avait marqué : 'On ne comprend pas pourquoi tu te blâmes à ce point sachant que pour nous ce n'était que des jeux d'enfant.' Je me suis dit, pour ne pas employer de mots vulgaires, qu'elles n'ont rien compris", explique-t-elle.
Avec le recul, EnjoyPhoenix reconnaît que ces années de harcèlement "l'ont un peu forgée"... mais pas seulement : "Je me suis créé une coquille et je suis plus combattive. Malheureusement, cinq ans après, j'ai toujours de grosses séquelles dont je ne parle pas souvent mais qui sont pourtant réelles. J'ai du mal à parler aux gens, à me faire des amis et à conserver ces amitiés. Je suis une fille extrêmement solitaire." En outre, Marie Lopez de son vrai nom ajoute ressentir toujours une "impression d'infériorité" malgré sa notoriété.