Avec des intentions de vote en baisse - 11% au 7 mars -, Eric Zemmour compte bien faire remonter sa cote de popularité avec le lieu parfait pour cela, Jean Lassalle le sait d'ailleurs très bien : le salon de l'Agriculture. Cependant, c'est la guerre en Ukraine qui monopolise toujours les médias et l'opinion publique et le candidat à la présidentielle ne peut donc pas éviter d'aborder ce sujet sur lequel sa position est délicate en raison de ses déclarations pro-Poutine par le passé. Le politique d'extrême-droite est donc déstabilisé lorsqu'il est interrogé sur le conflit et se fait ensuite remonter les bretelles par sa directrice de campagne et compagne, Sarah Knafo.
Ce vendredi 4 mars, Éric Zemmour était donc ravi d'aller à la rencontre du milieu agricole et rural qu'il vante régulièrement. Mais s'il apprécie le fromage de chèvre, les journalistes ne l'entendent pas de cette oreille et veulent l'interroger sur la situation entre l'Ukraine et la Russie. Il explique alors que la guerre "nous distrait du vrai choc des civilisations". Une formulation qui surprend et qu'il précise alors : "Oui, distrait, distraction, au sens philosophique. (...) C'est à dire que nos problèmes fondamentaux sont au sud, ils ne sont pas à l'Est."
Puis, avançant sur son chemin, il est repris par sa compagne Sarah Knafo, en charge de la stratégie de sa campagne et coach personnelle qui le guide depuis les débuts de sa campagne. Leur conversation est captée par les micros de Quotidien : "Distraction... Juste, il faut que tu rectifies. Tu dis juste : 'Excusez-moi, ce que je voulais dire c'est détourner l'attention'." Ni une, ni deux, Eric Zemmour s'exécute et rectifie ses propos devant les médias : "Alors oui, [...] quand je dis 'distrait' je voulais dire 'détourner l'attention'. C'est la guerre qui détourne l'attention des sujets majeurs pour la France pour les cinq ans qui viennent." Selon lui, la France serait "géostratégiquement aspirée vers l'Est."
Une campagne présidentielle, notamment lorsqu'elle approche de la dernière ligne droite - le premier tour a lieu le 10 avril - n'est pas un long fleuve tranquille. L'ancien éditorialiste s'en rend bien compte et il continue sur sa lancée, s'appuyant notamment sur le ralliement en grande pompe de Marion Maréchal. Il doit également composer avec d'autres attaques, judiciaires. Il a été condamné par le tribunal judiciaire de Paris à verser 700 000 euros aux plaignants de sa vidéo de campagne qui utilisait de nombreux extraits d'oeuvres artistiques sans demande préalable. Cela s'ajoute à sa condamnation pour "provocation à la discrimination raciale" en 2011, "provocation à la haine religieuse" en 2018, et, "provocation à la haine et à la violence" le 17 janvier dernier, il est également au coeur de l'enquête de Médiapart qui vient d'être dévoilée : "Pendant plusieurs mois, Mediapart a recueilli le témoignage de 8 femmes qui accusent Éric Zemmour de comportements inappropriés et d'agressions sexuelles pour des faits présumés allant de 1999 à 2019. Certaines s'expriment face caméra pour la 1ère fois", écrit le site sur Twitter.