Jeanne Moreau est morte cet été, à l'âge de 89 ans. En 2010, Étienne Daho lui proposait de le rejoindre dans une version musicale, signée Hélène Martin, du Condamné un mort, le long poème de Jean Genet. Le duo présenta notamment le spectacle au Festival d'Avignon 2011 et à l'Odéon à Paris. Interrogé dans Grazia, dont il fait la couverture pour la sortie de son nouvel album Blitz, Daho évoque sa tristesse et le lien qui le liait à l'immense actrice.
"Elle disait qu'elle est éternelle et je la crois, confie Daho à propos de Jeanne Moreau. On a eu un lien extrêmement puissant, on s'est reconnus d'une même famille et elle m'a donné beaucoup d'amour et d'attention. J'espère lui en avoir donné assez. Elle est enterrée à Montmartre, pas loin de chez moi : je garde un oeil sur elle." Dans ce long entretien, Étienne Daho, 61 ans, raconte combien la vie ne lui a épargné aucun chagrin, ni aucune "joie immense" ces dernières années : "J'ai perdu beaucoup de personnes proches récemment, et mon rapport à la mort est particulier. Je convoque les fantômes, je vis avec eux, ils sont très bienveillants."
Annoncé fin août par le single Les Flocons de l'été, le nouvel album d'Étienne Daho s'intitule Blitz. Il sortira le 17 novembre. Comme pour le précédent, le fantastique Les Chansons de l'innocence retrouvée, Daho s'est enfermé dans une petite garçonnière londonienne pour écrire, loin de tout ce qui fait sa vie parisienne : "Le quotidien m'empêche de créer. À Londres, je loue un petit appartement, une garçonnière minuscule. Mais je m'y sens hyper bien parce qu'il n'y a rien. Rien pour me distraire. Je suis concentré sur mon travail, je ne fais rien d'autre. Je laisse tout pour ça : ma maison, mes amis, la personne que j'aime. Mais je ne vois pas comment faire autrement."
Outre cet album collaboratif avec Jeanne Moreau, Blitz est le treizième album studio d'Étienne Daho. Cette longévité et ce statut de héraut de la pop française et de première influence de bien de jeunes artistes d'aujourd'hui, Daho ne pouvait l'imaginer. Au début de sa carrière, il brûlait la chandelle par les deux bouts et ne s'en est jamais caché : "Dans les années 1980, je dormais quatorze secondes après avoir fait et pris tout ce qu'on pouvait imaginer dans une même nuit et enchaînais avec des interviews et des télés dès 10h du matin. Quinze années d'excès en tout et de tout, de nuits blanches, de fêtes, de travail, de stress... J'ai une vitalité extraordinaire, je récupère très vite. Il faut se méfier de mon petit air calme." Mais au contraire d'autres artistes de sa génération qui se sont consumés, Étienne Daho a eu la bonne idée de mettre un frein à tout ça, il dit s'être "assagi plus vite que les autres" : "Être en vie, c'est déjà une belle vie. Et puis, je fais ce que j'aime, je suis libre. J'ai beaucoup d'amour dans ma vie. Je suis heureux."
Grazia en kiosques ce 3 novembre.