"Je me souviens d'un dîner à Saint-Tropez où elle m'avait longuement expliqué qu'elle trouvait les cimetières sinistres. Elle avait un plan ! On y installerait des cages à oiseaux avec des fleurs et des arbres de toutes les couleurs !" ainsi Dany Jucaud, journaliste de Paris Match, décrivait-elle une des discussions qu'elle avait eues avec France Gall, devenue au fil des années son amie.
France Gall, qui avait mûrement réfléchi à la conception de la sépulture de son époux, a fini par donner vie à sa vision en créant un mausolée unique en son genre. En 2012, pour marquer les vingt ans de la disparition de Michel Berger, elle a supervisé l'érection d'un vaste édifice de verre destiné à accueillir les dépouilles de son mari et de leur fille Pauline, décédée entre-temps, ce qui avait poussé sa mère à prendre une décision radicale. Un mausolée, bien loin des traditionnelles pierres tombales austères.
À l'intérieur de cet espace lumineux, un cerisier japonais prend racine, ses fleurs roses s'étalent au-dessus des sépultures : comme une oasis de sérénité et de beauté en plein coeur du cimetière de Montmartre. Mais ce qui distingue encore davantage ce monument, c'est le jeu de lumière qui se manifeste lorsque les rayons du soleil caressent le verre. À certaines heures, la plaque portant les noms de Michel Berger et de Pauline se voile légèrement, laissant apparaître des reflets d'arcs-en-ciel qui dansent sur la surface.
En 2018, après avoir lutté en silence des mois durant, notamment au Sénégal où elle avait trouvé refuge, contre la maladie, France Gall est venue rejoindre son mari et sa fille dans cet espace à part où le souvenir se mêle à la lumière et où l'absence se colore de vie. Nul doute qu'en ce premier novembre, nombreux seront encore les visiteurs du cimetière, fans de la chanteuse ou du compositeur ou simples passants, à s'arrêter pour admirer cet ouvrage, tout en leur rendant hommage.