Fabrice Bénichou : ''Pour me flinguer, il fallait que je me bourre la gueule''

La nouvelle a surpris autant qu'elle a choqué. Fabrice Bénichou, ancien champion du monde de boxe des super-coqs en 1989 grâce à ses crochets ravageurs, personnalité unique et attachante autant qu'intrigante, était interné ce dimanche 10 juin après avoir tenté de mettre fin à ses jours.

Stoppé par l'intervention de la police prévenue par un coup de fil de ses proches, Fabrice Bénichou avait terminé sa nuit à l'infirmerie psychiatrique de la préfecture de police (IPPP) de Paris. "Mon fils de 24 ans a paniqué quand il a vu mes messages sur Facebook, confie l'ancien boxeur de 47 ans à L'Équipe. Il a appelé la police."

A l'origine de cette tentative désespérée, une "grosse déprime" liée à une situation familiale compliquée. Une séparation qui l'a conduit, "malgré l'amour qu'[il] a autour de lui" à chercher une solution radicale. "J'étais dans un état de désespoir et de solitude extrêmes, je ne peux pas voir mon enfant [le dernier de ses quatre enfants, NDLR] régulièrement...", ajoute-t-il dans les colonnes du quotidien sportif. Ce sont donc les forces de l'ordre, à l'aide un pistolet à impulsion électrique, un Taser, qui vont maîtriser Fabrice Bénichou, écorché vif marqué par un viol qu'il a subi à l'âge de 4 ans. "Pour me flinguer, il fallait que je me bourre la gueule. Quand ils sont arrivés, j'ai dit : 'Vous êtes gentils mais je n'ai envie de voir personne. Sortez. Ne me poussez pas à être agressif.' Là, j'ai fait la connerie de me tourner quelques secondes et je me suis pris ce putain de coup de Taser dans le dos", explique encore l'ancien champion qui avait tenté un come-back en 2005.

Un choc violent mais nécessaire, Fabrice Bénichou était sur le point de se saisir d'un couteau. Une intervention salutaire après une discussion stérile dont il souligne l'importance : "Les policiers ont été d'un intelligence et d'une subtilité hors pair. Ils ont su me parler. Je leur tire mon chapeau." La suite, c'est à Sainte-Anne qu'elle se déroule, où le boxeur est pris en charge avant de ressortir au petit matin ce lundi 11 juin.

"La folie, ce n'est pas comme ce coup de fatigue et de dépression, poursuit Fabrice Bénichou. Je vais commencer le traitement qu'ils m'ont suggéré pour redresser la barre. Le coup de Taser, ça m'a remis les idées en place aussi ! La connerie de vouloir se foutre en l'air, c'est un moment de faiblesse intellectuelle. Là, je suis reparti du bon pied, comme un guerrier, juste, droit et battant."

Tel un boxeur se relevant d'un K.-O. Fabrice Bénichou a semble-t-il repris le dessus. Et si le personnel soignant tout autant que les forces de l'ordre lui ont été d'une grande aide, un soutien tout particulier l'a marqué comme jamais : "Mes amis m'ont entouré. Et surtout... Sur Facebook... on peut en rigoler de ce site (sa voix s'émeut, au bord des larmes) mais, en attendant, le soutien que j'y ai reçu, même des gens que je ne connais pas, ça me touche énormément. Ces gens-là ont été constructifs, ils m'ont donné confiance en moi à nouveau."