Le timbre si envoûtant de Fanny Ardant en fait certainement une des actrices les plus étonnantes du cinéma français. Révélée par les films de François Truffaut, dont elle fut la dernière compagne, elle apparaît dès ce soir sur les planches du théâtre de l'Atelier dans L'Année de la pensée magique. Dans cette pièce mise en scène par Thierry Klifa (Les Yeux de sa mère), elle interprète une veuve qui écrit un roman et se replonge dans sa vie pour comprendre le temps, l'amour et l'être humain.
Un beau rôle de femme forte et hors norme dont elle a parlé à Nikos Aliagas sur Europe 1 : "Ce n'est pas une victime, elle a foi en sa vie. Elle a ce côté journalistique, elle observe tout, elle note tout. Elle est peau de vache. Parfois, elle est stupéfaite devant la bêtise de quelqu'un ou la lenteur d'un autre. Elle ne baisse pas les armes. On sent cette femme forte qui va sombrer." La pièce, quant à elle, ressemble à un voyage étonnant : "C'est rentrer dans un royaume dont vous êtes le maître, un monde parallèle."
Fanny Ardant, 62 ans, se confie également sur la mort, un sujet au coeur de l'histoire de la pièce. Après les morts tragiques de Truffaut, en 1985, et de son frère Frédéric, en 1997, elle avoue : "Ce qui me fait peur, c'est la disparition des autres, pas la mienne."
Alors que sa voix paisible rayonne sur les ondes, elle rappelle que sa diction si particulière ne lui a pas toujours profité : "J'ai lu un roman pour la radio et on m'a renvoyée. A la demande générale des auditeurs, sur Radio Monte Carlo."
Depuis, avec un César en poche pour Pédale douce et trois autres nominations, la comédienne mène paisiblement sa carrière, menée par un désir de ne "jamais se laisser enfermer dans un tiroir, une étiquette, trop de lois, trop de règles".
La preuve : sa présence surprenante dans Elle m'a dit , vêtue d'une robe rouge devant un vieux papier peint : "Un jour j'ai rencontré et il m'a dit 'J'aimerais que vous soyez ma mère'. Ce beau jeune homme, ce talentueux jeune homme... être sa mère : j'ai dit oui." Avec Fanny Ardant, les choses peuvent être aussi légères qu'au cinéma.