L'Espagne dit adios à trente-huit ans ans de son histoire. Quelques semaines après la décision d'abdiquer de Juan Carlos Ier, son fils Felipe VI vient d'être proclamé roi d'Espagne au cours d'une grande cérémonie aujourd'hui, jeudi 19 juin à Madrid. À 46 ans, ce dernier a d'abord reçu des mains de son père la ceinture de capitaine général des Armées au palais de la Zarzuela, avant de se rendre au Parlement pour prêter serment et effectuer son premier discours de roi, sous les yeux de la belle nouvelle reine Letizia (41 ans) et de leurs filles mais aussi des députés et sénateurs.
C'est l'un des symboles de cette proclamation. Parmi la famille royale présente pour le premier discours de Felipe VI, un absent s'est fait remarquer : Juan Carlos 1er. Au lendemain de la signature de son acte d'abdication, ce dernier s'est en effet éclipsé, voulant laisser toute la lumière au nouveau roi. Nul doute que l'ancien souverain - depuis minuit - a toutefois été fier en voyant son fils en uniforme militaire prononcer son premier discours. "Je veux réaffirmer, en tant que roi, ma foi dans l'unité de l'Espagne", a notamment déclaré le nouveau roi, au moment où les séparatistes catalans se font de plus en plus présents.
"Nous voulons une Espagne en laquelle tous les citoyens retrouvent la confiance dans ses institutions" et "où toutes les façons de se sentir espagnol ont leur place", a-t-il ajouté. Alors que la famille royale espagnole a été touchée par plusieurs scandales ces dernières années, Felipe VI a assuré qu'il suivrait une "une conduite intègre, honnête et transparente". Pour preuve, si la nouvelle reine Letizia et leurs filles Leonor et Sofia étaient bien là, l'infante Cristina, en plein scandale de blanchiment d'argent, n'a pas été invitée à la cérémonie.
Felipe VI a ensuite prêté serment devant la Constitution de 1978. "Je jure de remplir fidèlement mes fonctions, de respecter et faire respecter la Constitution et les lois et de respecter les droits des citoyens et des régions autonomes", a-t-il déclaré, sous les applaudissements des députés et sénateurs du Congrès - mais pas des chefs des gouvernements basques et catalans - aux cris de "Viva Espana" et "Viva el Rey". Il a également salué son père et notamment son rôle dans la "réconciliation des Espagnols" après la dictature sous Franco, évoquant un "héritage extraordinaire". Le tout sous le regard ému et fier de Letizia, la première roturière à devenir reine d'Espagne, et de Leonor, qui devient à 8 ans princesse des Asturies, et Sofia (7 ans), intimidées et sages.
Les Espagnols ont également été remerciés par Felipe VI. "Je voudrais les remercier pour l'amour qu'ils m'ont souvent donné. Je voudrais saluer leur esprit de dépassement. Nous sommes une grande nation. Nous devons y croire. Je me sens fier des Espagnols et rien ne me rendrait plus fier si, par mon travail, les Espagnols pouvaient se sentir fiers", a-t-il conclu en espagnol, catalan, basque et galicien, les langues officielles du pays.
Cette cérémonie sobre et laïque - une première rompant avec la tradition catholique - a ensuite vu Felipe IV traverser Madrid dans une Rolls Royce - achetée par Franco en 1952 - aux côtés de Letizia, pour aller jusqu'au Palais Royal. Là-bas, le couple royal était attendu par Juan Carlos et la reine Sofia avant de saluer la foule.