Un peu paria, l'infante ? Certes, Cristina d'Espagne, écartée des activités de la Maison royale d'Espagne depuis plus de deux ans et l'éclatement du scandale Noos, était bel et bien conviée au grand rassemblement - privé - de la famille royale grecque pour l'hommage émouvant rendu jeudi 6 mars 2014 au roi Paul Ier de Grèce, à la nécropole du domaine Tatoï, au nord d'Athènes, pour les 50 ans de sa disparition.
Certes, elle était même présente dès le mercredi soir, au contraire du prince héritier Felipe et de la princesse Letizia, pour assister avec sa mère la reine Sofia, qui la soutient, et sa soeur aînée Elena à la projection privée d'un documentaire consacré au défunt monarque grec, emporté par le cancer à l'âge de 62 ans en 1964.
Certes, elle partageait la même voiture et la même banquette que sa soeur la duchesse de Lugo et sa belle-soeur la princesse des Asturies dans le convoi du jeudi.
Certes, elle est même apparue - elle qui fut l'une des rares à jouer du smartphone devant la sépulture du roi Paul, grand-père qu'elle n'a jamais connu - dans les selfies collégiaux, pleins de bonne humeur, qui ont surgi sur les profils de cousins et cousines comme la princesse Marie-Chantal de Grèce, adepte d'Instagram.
Pourtant, indéniablement, il semblait y avoir un malaise dans la participation de l'infante Cristina, fille cadette du roi Juan Carlos Ier et de la reine Sofia d'Espagne, à ce grand raout... Sous les arbres de la nécropole royale située sur le domaine Tatoï, ancien fief de la famille royale - expropriée après l'abolition de la monarchie en 1974 - au pied du mont Parnès, Cristina d'Espagne était au coeur du cortège recueilli, mais jamais au contact ni de sa mère la reine, ni de son frère Felipe et sa soeur Elena, ni de sa belle-soeur Letizia. Lors du service religieux, où la reine Sofia, fille aînée du défunt Paul Ier, se tenait au premier rang avec son frère l'ancien roi Constantin II de Grèce et leur soeur cadette la princesse Irene, Cristina était nettement en retrait, derrière la famille du prince Pavlos et de la princesse Marie-Chantal, venus avec leurs cinq enfants.
Au moment du dépôt des couronnes commémoratives, où Sofia, Felipe et Elena se sont croisés, c'est un peu à part qu'elle a posé la sienne, aux noms des duc et duchesse de Palma, titres que son mari Iñaki Urdangarin et elle portent. Une pensée conjointe qui peut d'ailleurs être jugée maladroite.
Lors des photos de groupe devant la presse, cette mise à l'écart était encore plus flagrante : alors que Sofia, Elena, Felipe, Letizia et la princesse Irene sont réunis à l'extrêmité droite du cliché, Cristina se trouve sur la gauche, au second plan, esseulée.
Et si on ignore comment s'est déroulé le déjeuner festif qui a suivi, au proche restaurant Thea, la commémoration, on constate dans le selfie réalisé par la princesse Marie-Chantal que l'infante Cristina est diamétralement opposée à sa soeur Elena.
Somme toute, cela commence à faire beaucoup pour qu'il ne s'agisse que de hasard... Mise en examen en janvier dernier et entendue par le juge Castro en février pour son rôle présumé dans le scandale Noos, affaire de détournement de fonds dans laquelle son époux, inculpé bien avant elle, risque une lourde peine de prison, l'infante Cristina paie-t-elle l'opprobre qui s'est abattu sur la famille royale ? L'affaire qui écorne comme jamais l'image de la monarchie a-t-elle abîmé aussi ses relations avec ses proches parents ? Si le soutien de la reine Sofia à sa fille cadette semble inconditionnel, on sait que l'infante Elena avait beaucoup souffert de l'épreuve médiatique infligée par la révélation du scandale, et on constate que Felipe, l'héritier du trône, et Letizia ont la tâche d'autant plus dure dans leur mission au service du pays...
Expatriée à Genève depuis le mois d'août 2013, où elle poursuit son travail pour la division internationale de la Fondation La Caixa, l'infante Cristina ne semble plus avoir réellement de contacts depuis avec Felipe ou Elena - seule la reine Sofia s'est déplacée en Suisse en certaines occasions, telles que des anniversaires -, et, en dehors de ses entrevues avec ses avocats, ses seules visites en Espagne se sont faites lors des hospitalisations du roi Juan Carlos.
Alors, simple "illusiion d'optique" ou déchirement familial en cours ?